DESCRIPTION
Aux confins de la Haute-Marne et de la Bourgogne, les plateaux calcaires occidentaux de la Haute-Saône sont soumis aux influences des régions limitrophes sur le plan biogéographique. Dans ce secteur, l'activité agricole reste importante. Les paysages ouverts sont dominés par les cultures intensives, entrecoupées de quelques prairies et boisements.
Au nord de Champlitte, le rebord du plateau surplombe la vallée du Salon et le village de Montarlot-lès-Champlitte. Une vaste zone s'étend en haut de pente d'un versant escarpé orienté à l'ouest et au sud. La bordure de corniche correspond à une pelouse sèche alors que la pente (la Vieille Côte) montre un vaste éboulis très raide (déclivité de 35° environ) d'exposition ouest-sud-ouest.
Les pelouses sèches qui se développent sur les parties sommitales sont conditionnées par la présence d'un sol superficiel, pauvre en éléments nutritifs et aux faibles réserves en eau. Les formations herbacées mésoxérophiles caractérisées par le brome dressé et la fétuque de Léman sont riches en plantes thermophiles. Ces pelouses présentent toutefois des faciès d'enfrichement témoignant d'une dynamique de recolonisation forestière. Ces biotopes abritent plusieurs espèces végétales d'affinité méditerranéenne, dont la saxifrage granulée, protégée dans la région. Un réseau de haies perpendiculaires à la pente est bien développé au nord. Ce site de Montarlot se caractérise en outre par des éboulis calcaires mobiles, typiques de la moitié est de la France, relevant de l'association à rumex à écussons et scrophulaire du Jura. Assez courantes dans le massif jurassien, ces formes géomorphologiques sont rares en Haute-Saône. Il faut noter le caractère primaire de cette formation issue directement de la gélifraction des bancs calcaires lors de la dernière période glaciaire. Bien qu'elle soit largement enfrichée, elle reste caractéristique, ce qui confère un grand intérêt à ce site. Le centranthe à feuilles étroites, plante pionnière strictement inféodée aux éboulis grossiers y forme de grosses touffes.
A ces habitats est associée une faune typique. Parmi les oiseaux, on recense l'alouette lulu, l'engoulevent d'Europe, la pie-grièche écorcheur et la caille des blés. Les reptiles, dont le lézard vert, apprécient ces milieux. De plus, la zone est riche d'un cortège de 43 papillons de jour aux exigences écologiques variées : nombre d'entre eux sont inféodés aux milieux herbacés ouverts, mais une bonne proportion est liée aux ourlets, lisières et boisements clairs. Il faut souligner la présence des hespéries du faux-buis et de la mauve ainsi que de l'azuré des cytises, de répartition localisée. Ces papillons recherchent des zones herbacées rases, riches en potentilles et en fabacées.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Pelouses de Champlitte et étang de Theuley-lès-Vars " et bénéficie d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope au vu de son intérêt faunistique et floristique. En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/09/09, 22/06/92, et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La principale menace pesant sur le site est liée à la dynamique naturelle d'enfrichement des pelouses ; des travaux de débroussaillage visant à éviter la fermeture du milieu au niveau des éboulis sont à envisager. La gestion par fauche tardive et pâturage contribue à conserver le degré d'ouverture des pelouses. Lors des travaux de défrichement, il conviendrait d'opérer avec précaution afin de préserver les sols fragiles de ces habitats. Une structure paysagère hétérogène est favorable à une diversité faunistique maximale.
Un suivi approfondi des populations d'espèces patrimoniales, programmé dans le cadre du plan de gestion, apparaît indispensable à une meilleure connaissance des espèces reproductrices et aux possibilités de conservation à l'échelle de la zone d'étude.