ZNIEFF 430002354
VALLEE DE LA LANTERNE ET DU BREUCHIN

(n° régional : 35168000)

Commentaires généraux

La Lanterne et le Breuchin sont deux cours d'eau issus du massif vosgien. La Lanterne prend sa source sur la bordure sud-ouest de la montagne vosgienne, à Lantenot, et conflue 63km plus loin avec la Saône aux environs de Conflandey. Son affluent principal, le Breuchin se jette dans la Lanterne après avoir parcouru 45 km. De nombreuses dérivations sillonnent sa vallée : elles témoignent de l'utilisation abondante de ses eaux, dans un passé récent, pour l'irrigation et l'eau potable. Les alluvions épaisses de la partie avale du bassin versant, sont exploitées pour l'eau potable par forage dans la nappe. Elles font également l'objet d'extractions de matériaux.

Ces cours d'eau s'écoulent sur des matériaux siliceux arrachés au massif vosgien et sont bordés d'une végétation originale, typique des lieux inondés plus ou moins acides.

Les forêts riveraines (aulnaies et saulaies à saule blanc) forment des galeries installées sur les alluvions siliceuses. Dans les dépressions plus engorgées, elles sont remplacées par des bois marécageux acides (aulnaies marécageuses et saulaies à saule en oreillettes).

Les zones plus dégagées présentent des mégaphorbiaies dans le cours supérieur. Sur l'ensemble du cours, on trouve des prairies alluviales et des tourbières. On y recense des espèces peu communes comme la Renoncule petite douve dans certaines dépressions de la basse vallée de la Lanterne ou la Petite Montie dans les trouées de la vallée du Breuchin.

A l'amont de Luxeuil, le Breuchin se divise en plusieurs bras dont l'intérêt écologique est très affirmé. Sur un même transect, on peut rencontrer un chenal très riche en habitats d'eau vive, des systèmes faiblement courants et frais en relation étroite avec la nappe et des petits ruisseaux peu sinueux et peu profonds, en milieu prairial.

Ces différents habitats abritent une faune riche et diversifiée.

De très nombreuses espèces d'oiseaux y ont été identifiées, dont 22 inscrites à l'annexe I de la directive Oiseaux. Parmi les espèces protégées nicheuses, certaines sont directement inféodées aux cours d'eau ou aux zones marécageuses ; le Blongios nain, héron de petite taille, particulièrement rare, habite les roselières. Deux couples de Blongios nain nichent sur le site, ce qui n'est pas négligeable sachant que la population franc-comtoise n'en compte qu'une quinzaine. On rencontre aussi le Bihoreau gris, autre héron souvent présent à proximité des arbres des zones humides, ainsi que le Martin pêcheur et la Marouette ponctuée, dans les surfaces vaseuses et peu profondes des marais bordés d'une végétation touffue. La présence de celle-ci, bien qu'occasionnelle ici, a toute son importance de par la continuité avec les sites de nidification de la vallée de la saône.

Quelques rapaces sont également remarquables ; le Busard Saint martin, le Busard cendré, le Milan noir, le Milan royal, et la Bondrée apivore. La présence de cette dernière parmi les oiseaux nichant sur le site n'est pas la seule à témoigner de la richesse entomologique du site ; la Pie-grièche écorcheur, le Gobemouche à collier ainsi que trois espèces de pics dépendent directement de la présence d'insectes variés. Précisons que la population de gobemouches à collier, comptant au moins une quarantaine d'individus, constitue l'unique population nicheuse de Franche-Comté. Cette espèce occupe les vieilles futaies de chênes, et certains stades de régénération.

Quant aux effectifs de Pic cendré, avec un minimum de 25 couples nicheurs, ils pourraient être parmi les plus importants de la région.

Bien que la qualité de l'eau des deux rivières ne soit pas optimale, car altérée par différents rejets (domestiques, purins, phytosanitaires), les vallées de la Lanterne et du Breuchin constituent des systèmes écologiques remarquables comme en attestait la présence jusqu'à une date récente d'une espèce aquatique très rare pour le bassin hydrographique franc-comtois : l'Apron.

On y rencontre de nombreuses autres espèces animales aquatiques (parmi lesquelles 22 poissons) aux exigences écologiques variées, allant de l'Ecrevisse à pieds blancs, dans les secteurs supérieurs et moyens, au Brochet, dans les zones aval (basse Lanterne notamment). Le Breuchin est une des plus belles rivières à Ombre de l'est de la France, particulièrement riche en frayères. Son lit majeur est large et riche en systèmes latéraux, moins nombreux sur la Lanterne, qui constituent des lieux de reproduction privilégiés pour la truite sauvage.

Deux espèces de libellules sont à signaler également, témoins de la bonne qualité de l'eau : la Leucorrhine à gros thorax, et l'Agrion de Mercure dont les larves, aquatiques, se développent dans les petits ruisseaux ou fossés à faible courant. La présence de zones ouvertes, prairies ou friches, présentant cependant de petites zones boisées ou des secteurs forestiers, est un facteur indispensable à leur développement.

OBJECTIFS ET MOYENS DE PRESERVATION ET DE GESTION

Les objectifs de gestion et les moyens de préservation découlent de la sensibilité particulière des milieux naturels et des atteintes observées. Sur l'ensemble du site, la préservation de la qualité des milieux alluviaux est prioritaire . Pour ce faire, il convient de :

-restaurer la qualité physico-chimique des eaux de surface et souterraines ;

-préserver la dynamique du cours d'eau et la qualité des habitats naturels en évitant toute modification des conditions de milieux terrestres (assainissement, drainage des sols) et aquatiques (curage, calibrage, endiguement, protection de berges…) ;

-conduire, dans la plaine alluviale, des pratiques agricoles respectueuses de la qualité des milieux naturels (maintien de la prairie inondable, diminution d'intrants, retard de fauche) ;

-concilier une éventuelle production de bois avec le maintien en l'état naturel des peuplements forestiers en pratiquant une sylviculture respectueuse du fonctionnement de l'écosystème et en maintenant le régime d'inondation ;

-entretenir et valoriser le patrimoine boisé naturel existant en pratiquant des interventions adaptées aux stations forestières peu favorables à la production de bois ;

-favoriser la restauration de certains milieux naturels dégradés comme les ripisylves afin d'assurer la stabilité des berges, les prairies pour limiter l'érosion et la pollution des eaux, les haies pour favoriser l'installation de la faune ;

-définir une politique d'extraction des matériaux alluvionnaires sur le secteur aval qui tienne compte de la qualité des milieux naturels et de l'espace de liberté des cours d'eau ;

-entretenir ou restaurer les frayères à truite et à brochet et gérer rigoureusement la partition des débits entre les différentes unités aquatiques du lit majeur ;

-apporter à la gestion des plans d'eau une attention toute particulière (opérations de vidange), certains d'entre eux étant à l'origine du réchauffement de l'eau des rivières en été, de rejets de matière en suspension et de l'introduction d'espèces parasites en eau vive. Lorsque les surfaces d'étang deviennent très importantes, le débit d'étiage peut être sévèrement réduit sur certains secteurs. A l'image des sites voisins, des désordres apparaissent dans les équilibres hydrodynamiques et la stabilité des lits, à la suite de l'abandon de certains ouvrages (vannes, dérivations, canaux d'irrigation) dont certains ne peuvent, de surcroît, être franchis par les poissons ;

-organiser les activités de loisirs qui peuvent nuire à la quiétude des espèces animales ou engendrer des modifications conséquentes du milieu.

Sur la commune d'Amoncourt, on observe la présence d'un secteur dymamique de la Lanterne avec des bras actifs et déconnectés. La liberté de divagation du lit mineur est conservée. On relève l'existence d'un corridor continu de forêt riveraine de type saulaie à Saule blanc ou Aulnaie Frênaie d'intérêt communautaire à haute capacité auto-épuratrice.

Dans les zones plus dégagées, ces bois humides cèdent la place à des mégaphorbiaies submontagnardes (dans le cours supérieur seulement) à Crépide des marais, Renouée bistorte et Renoncule à feuilles d'Aconit.

Au nord de la D20, la mégaphorbiaie au sein d'une dépression prairiale a récemment été délaissée par l'agriculture. Dans la plaine de Fleurey-les-F. et Amoncourt, la reproduction régulière du Râle des Genets (espèce vulnérable parmi les plus menacées de la communauté européenne) est probable , avec la présence de 3 chanteurs en 1994, 4 en 1995, 3 en 1996 et 1 en 1997.

Sur l'ensemble du cours, s'installent des prairies inondables plus ou moins tourbeuses à Jonc à tépales aigus (espèce peu fréquente en Franche-Comté), Jonc aggloméré et Scorzonère des prés.Dans la vallée supérieure de la Lanterne, ces prairies montrent des affinités avec les bas-marais acides: on y rencontre alors l'Ecuelle d'eau, espèce bénéficiant d'une protection sur l'ensemble du territoire régional.

Au sud de la D20, la prairie pâturée ou fauchée de niveau topographique moyen est propice à la nidification d'un couple de Courlis cendré.

Les dépressions longuement inondables de la basse vallée de la Lanterne hébergent quelques espèces végétales peu communes comme la Renoncule petite douve, l'Oenanthe fistuleuse, la Stellaire des marais (protégé au niveau régional) et la Germandrée scordium (espèce remarquable).

Les surfaces herbeuses, plus riches en insectes que les cultures, peuvent servir de territoire de chasse à plusieurs espèces vulnérables de chauve-souris (Grand murin, Sérotine commune, Minioptère de Schreibers) se reproduisant dans le grenier de la mairie de Port-sur-Saône où la grotte du Carroussel à Conflandrey.

Enfin, le Bois des Vernayes de type ormaie-frênaie est une forêt alluviale rare d'intérêt communautaire.

D'une manière générale, il est souhaitable de s'assurer du maintien en état de ces deux rivières :

- en protégeant la nappe alluviale contre les agressions polluantes en vue du maintien de la qualité des eaux (on évitera notamment les opérations de drainage ou d'assainissement, ainsi que les apports d'engrais au sein des prairies humides inondables).

- en entretenant le lit mineur pour éviter les embâcles et assurer un bon écoulement de l'eau.

- en respectant le champ d'inondation (lit majeur de la rivière),

- en appliquant une gestion forestière qui respecte les essences locales et la structure des groupements forestiers riverains.

Commentaires sur la délimitation
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