DESCRIPTION
L'agglomération de Vesoul s'étend dans la vaste plaine alluviale du Durgeon, dépression imperméable qui a été fortement urbanisée et industrialisée au cours des dernières décennies. Il subsiste toutefois en aval de la ville une belle zone de prairies plus ou moins humides autour du Durgeon, dont l'espace de liberté est bien préservé, comme en témoigne la présence d'annexes et de bras morts. En rive gauche, un grand plan d'eau artificiel de 93 hectares a été créé en 1973 : le lac de Vaivre est prisé comme lieu de promenade et pour les loisirs nautiques.
L'association d'un vaste ensemble de prairies humides en bon état de conservation et d'un grand plan d'eau en fait un site majeur dans la région, notamment sur le plan ornithologique.
Les groupements prairiaux se répartissent selon le degré d'inondabilité et le mode d'exploitation : association longuement inondable à oenanthe fistuleuse et laîche des renards, puis groupements fauchés à séneçon aquatique et brome en grappe ou pâturés à orge faux-seigle et ray-grass, et enfin formations à colchique et fétuque sur les bourrelets de rive. Ces prairies sont entrecoupées de formations herbacées humides (mégaphorbiaies) ou amphibies (roselières et formations de grandes laîches) et de ligneux (saulaies marécageuses, aulnaies-frênaies riveraines). Le cortège floristique associé comprend plusieurs espèces protégées, typiques de ces milieux : la tulipe sauvage, la gratiole officinale, la grande douve, le butome en ombelle, ainsi que le vulpin en outre, vulnérable dans la région.
La diversité de structure de cet ensemble est particulièrement favorable à la reproduction de nombreux oiseaux rares et menacés en Franche-Comté : rousserole turdoïde, phragmite des joncs, bécassine des marais, courlis cendré, vanneau huppé, tarier des prés, torcol fourmilier, pic cendré, pie-grièche grise et râle des genêts. Ces deux dernières espèces sont en danger d'extinction dans la région. Le lac de Vaivre constitue une zone refuge d'importance pour l'hivernage de nombreux oiseaux, notamment des anatidés (canards) : pour la sarcelle d'hiver, par exemple, 55 % des effectifs comtois y sont dénombrés en hiver.
Le Durgeon héberge des poissons d'intérêt européen comme le blageon et la bouvière ; les prairies les plus inondables et les mortes constituent des frayères à brochet potentielles.
Deux insectes protégés fréquentent ces milieux : le cuivré des marais, papillon typique des prairies humides, et l'agrion de Mercure, libellule des eaux courantes ensoleillées et bien végétalisées, qui exploite ici les bras morts et les fossés. Le triton crêté, amphibien protégé, est également recensé.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Pelouses vésuliennes et vallée de la Colombine ". La protection réglementaire des milieux humides est assurée par un Arrêté Préfectoral de Protection du Biotope. En outre, la présence de taxons protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/09/09, 20/01/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Ce vaste ensemble de zones humides joue le rôle d'un espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d'amélioration de la qualité de l'eau, de régulation du débit et de limitation de l'érosion.La gestion traditionnelle a contribué à créer une mosaïque d'habitats semi-naturels riches et diversifiés.
Les menaces sont nombreuses : l'urbanisation et l'extension des ZAc et ZI, la pollution et l'eutrophisation du Durgeon, de la Vaugine et de ses bras morts sont bien marquées. Les cours d'eau traversant le parc aquatique ont été rectifiés.
La préservation durable de cette zone est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l'intégrité des milieux, objectifs s'intégrant dans le cadre plus large du contrat de rivière Durgeon. Il convient donc de conserver :
- la fonctionnalité des systèmes latéraux (pas de drainage ni de remblaiement) ;
- la végétation riveraine et les prairies inondables (un morcellement important des prés est constaté à l'est de la zone) ;
- les pratiques agricoles extensives (limitation des intrants, retard de fauche et maintien de zones refuges pour la faune).