DESCRIPTION
Le vaste site de la tourbière de l'Ambyme et de l'étang d'Arfin est situé à l'est du hameau de la Mer. Les Vosges comtoises sont riches en tourbières de superficie globale limitée mais n'en présentant pas moins un intérêt patrimonial prioritaire et récemment approfondi. Entre les vallées de l'Ognon et du Breuchin, dans une même dépression drainée à l'ouest par plusieurs petits ruisseaux, la tourbière de l'Ambyme jouxte l'étang d'Arfin, le plus gros étang du plateau (21 ha), dans une ambiance générale forestière. Elle en est séparée par une digue ou "chaussée" et le niveau d'eau de l'étang domine la tourbière de plus d'un mètre. La tourbière de l'Ambyme couvre une superficie de 10 ha (une des plus grandes des Vosges comtoises) et se décompose en deux parties correspondant à deux anciens étangs séparés par une digue aujourd'hui ouverte et par laquelle s'écoule un ruisseau affluent du Beuletin.
Plusieurs groupements végétaux sont reconnus dans la tourbière de l'Ambyme : prairies humides atlantiques à molinie, bas marais acide, haut-marais, marais de transition, boisements humides, eaux courantes, lande sèche et dalle rocheuse) si bien que la dénomination globale de tourbière pourrait paraître inapproprié. C'est cependant la formation la plus marquante dans le paysage, la plus originale et la plus riches en espèces rares. Des trois secteurs tourbeux reconnus à l'intérieur de l'aulnaie-betulaie à sphaigne qui, typiquement, ceinture les tourbières du Plateau des Mille Etangs, seul le plus vaste montre un développement significatif du haut-marais. Il occupe l'ancien étang de l'Ambyme et il est principalement alimenté par des eaux de pluie. En périphérie et sur le Petit Arfin, apparaissent différentes formations caractérisant les marais de transition et les gouilles si bien que tous les stades dynamiques sont représentés, ceci en liaison avec des dates d'abandon différenciés des différents étangs originels.
L'étang d'Arfin représente un parfait exemple d'étang oligotrophe d'origine glaciaire et humaine. La présence d'îles granitiques rouges recouvertes d'une lande à callune piquetée de rares arbres et de berges tourmentées lui confère un indéniable intérêt paysager et sauvage au sein des chênaies sessiliflores et chênaies-hêtraies acidiphiles. Lorsqu'il est vidé, les vases exondées montrent alors une végétation originale et peu courante (littorelle des lacs, millepertuis du Canada).
Outre la présence de 14 espèces végétales rares ou protégées, le site constitue un site de nidification ou d'hivernage pour la gélinotte des bois ou la bécasse. Ce site remarquable s'est avéré particulièrement intéressant pour les libellules avec 5 espèces prioritaires pour la Franche-Comté comme le leste dryade, le sympétrum jaune d'or et la leucorrhine douteuse.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces végétales et d'insectes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit de porter atteinte aux espèces et aux habitats naturels qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/07/93 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'étang et ses pourtours immédiats ne font l'objet d'aucune utilisation particulière en dehors des activités halieutiques de loisir. Les abords boisés sont soumis à une exploitation forestière.
Les orientations de gestion se fondent sur :
- la lutte contre l'enfrichement de la ceinture tourbeuse,
- le maintien de l'intégrité hydraulique des zones humides et de la permanence des gouilles,
- la restauration de biotopes favorables au grand tétras y compris sur les parcelles périphériques,
- le contrôle de qualité des eaux provenant des étangs amont,
- le renforcement de la digue entre l'étang d'Arfin et la tourbière,
- l'organisation de la fréquentation pour en garantir la quiétude,
- la poursuite de la maîtrise foncière et mise en œuvre d'un cadre global de gestion.