ZNIEFF 430002363
TOURBIERE DE LA GRANDE PILE

(n° régional : 35000006)

Commentaires généraux

Commentaire général

 

Située aux confins de la Dépression périvosgienne, dans le département de la Haute-Saône, la tourbière de la Grande Pile (commune de Saint-Germain) est un des témoignages vivants des conditions climatiques très rudes subies dans la région au début du Quaternaire. Aujourd’hui, la région est toujours marquée par des facteurs environnementaux particuliers : conditions climatiques froides et humides (précipitations élevées (plus de 1300 mm d’eau par an), températures moyennes assez basses), substrat géologique cristallin, nature acide des eaux de ruissellement, dépôts de matériaux glaciaires augmentant l’imperméabilité des sols, relief assez peu accidenté. L’ensemble de ces caractères est très favorable à la formation de tourbières, et notamment à la genèse d’un radeau flottant à la surface d’un étang.

 

La tourbière de la Grande Pile s’inscrit dans une zone très vaste et riche en étangs. Mais elle-même présente un intérêt particulier justifiant de la considérer individuellement. Elle constitue en effet l’un des plus importants stratotypes du Pleistocène de l’Europe septentrionale et compte ainsi comme site de référence international pour l’interprétation des paléoclimats et de la végétation quaternaire.

 

Ce site recèle en outre des milieux humides particulièrement intéressants, même si une bonne partie est actuellement occupée par la forêt. Les différentes phases évolutives d’une tourbière sont présentes : bas marais acide, précédant la formation de la tourbière bombée à sphaignes, puis évolution lente vers la tourbière boisée représentée par une boulaie sur tourbe. L’éventail des milieux est complété par des roselières et une aulnaie marécageuse, sur les sols engorgés longtemps. Lorsque ces derniers se sont ressuyés en totalité, on assiste au développement d’une chênaie-hêtraie acidiphile.

Les milieux qui composent la tourbière hébergent un grand nombre d’espèces végétales d’intérêt patrimonial fort, notamment à si basse altitude. L’andromède à feuilles de polium, la scheuchzérie des marais, le lycopode des lieux inondés, l’utriculaire jaune pâle, les rossolis à feuilles rondes et intermédiaire bénéficient d’un statut de protection au niveau national, tandis que l’utriculaire intermédiaire est protégée en Franche-Comté. La canneberge et la laîche à épis velus sont considérées comme menacées.

 

La faune n’est pas en reste puisque l’on a pu dénombrer plus de cinquante espèces d’insectes, dont dix Odonates sont considérées comme prioritaires au niveau régional. Ce site est l’un des plus riches à ce niveau en Haute-Saône. En dehors de la présence surprenante de la mélittée des digitales, plusieurs espèces remarquables y ont été observées : leucorrhines à gros thorax (protection nationale) et douteuse, agrion délicat, lestes dryade et verdoyant, cordulie arctique… Le site abrite également le lézard vivipare et la grenouille rousse, inscrites sur la liste rouge des espèces menacées.

 

Statut de protection

 

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces végétales et animales protégées et citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995, du 22.06.1992 et du 23.04.2007 confèrent directement un statut de protection au milieu. En effet, la législation interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats.

 

Objectifs de préservation

 

Cette tourbière a été partiellement exploitée pour la récolte de tourbe jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, mais elle a tout de même été préservée comme milieu naturel sur une bonne partie de sa surface. Aujourd’hui, la gestion de ce site est confiée au Conservatoire régional des Espaces naturels qui y a engagé un programme d’interventions, liées principalement à la préservation de la leucorhine à gros thorax et à son habitat. Interdiction de drainer, entretien « doux » des fossés, dégagement des cordons boisés ou arbustifs en retrait des rives… sont parmi les mesures retenues.

Commentaires sur la délimitation
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