ZNIEFF 430002364
TOURBIERE DES GRANDS FAINGS

(n° régional : 50174005)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le secteur de Beulotte-Saint-Laurent appartient à la région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs ". Dans un relief peu marqué, les tourbières des Grands Faings présentent un caractère géomorphologique et paysager remarquable.

L'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin (granite et grès) associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations, le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur.

Le site se compose de deux complexes tourbeux (les Fays et le Feing-de-la-Mer), d'étangs oligotrophes et de prairies humides, dans un environnement de bois clairs dominés par le bouleau, de plantations de résineux et de landes à fougère aigle et genêt à balai. Au cours du XIXe siècle, le site a subi des pressions anthropiques fortes (labour, pâturage, tourbage). Ce dernier a conduit à des stades régressifs plus humides : autour d'un étang résiduel avec radeaux tremblants, la tourbière du Feing-de-la-Mer présente toute la série évolutive de la tourbière haute active, des stades les plus aquatiques (gouilles) jusqu'aux stades matures et aux boisements tourbeux, ainsi que des marais de transition et prairies humides à molinie et à joncs. Dans ces habitats imbriqués, la plupart des groupements végétaux sont d'intérêt européen.

Parmi l'impressionnant cortège floristique identifié au sein de cette zone (93 espèces, des bryophytes aux plantes à fleurs), on peut citer l'andromède à feuilles de polium, la scheuchzérie des marais et des espèces carnivores comme le rossolis à feuilles rondes et l'utriculaire jaunâtre, bénéficiant toutes d'une protection à l'échelon national. L'utriculaire intermédiaire, inféodée aux gouilles tourbeuses est quant à elle protégée au plan régional. La diversité des espèces végétales est maximale dans les milieux périphériques.

Cet environnement original constitue un biotope idéal pour des oiseaux tels que le pipit farlouse (seul passereau se reproduisant en tourbière) ou la bécassine des marais. Côté mammifères, le putois et le muscardin ont été recensés. Parmi les nombreuses espèces d'invertébrés, deux papillons sont inféodés aux systèmes tourbeux et protégés au niveau national ; 23 espèces de libellules sont recensées, dont neuf particulièrement remarquables, comme le leste dryade, la leucorrhine douteuse et l'agrion hasté.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 29/09/09, 20/01/82, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux de surface. Leur rareté et l'intérêt de cette zone, dont l'originalité dépasse largement le cadre régional, rendent sa sauvegarde prioritaire.

Ces milieux extrêmes sont sensibles à toute modification. Toutefois, leur dynamique naturelle tend lentement vers l'assèchement et le boisement. Une gestion conservatoire doit donc être envisagée, avec les objectifs suivants :

- conserver les habitats en limitant l'enfrichement sur le pourtour du site (notamment en surveillant la progression du pin de Weymouth, espèce pionnière introduite) et en préservant les radeaux tremblants,

- conserver le fonctionnement hydrologique et le caractère oligotrophe du site en proscrivant toute opération de drainage et d'assèchement au sein de la zone et dans les alentours, en veillant au maintien en eau des gouilles les moins profondes, en privilégiant le caractère extensif de la pisciculture dans les étangs et en surveillant la qualité des eaux (absence de fertilisation de l'étang, limitation des sources de pollution organique).

 

Commentaires sur la délimitation
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