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DESCRIPTION
Au sud-est de Vesoul, les pelouses des Craies Ratées et l'allée Sainte-Anne s'inscrivent au sein d'un réseau de collines calcaires d'âge jurassique (Bajocien supérieur). Cet ensemble recouvre deux entités attrayantes sur le plan paysager (on observe un beau panorama depuis la chapelle Sainte-Anne) qui s'insèrent entre les bois de Sainte-Anne et du Mont de Roche.
Les pelouses sèches calcicoles et les fourrés thermophiles, majoritaires sur le site, sont associés à des forêts neutrophiles de type hêtraie à aspérule (sur moins de 15 % de la superficie) et à quelques prairies fauchées ou pâturées. Le secteur des friches de Sainte-Anne est quasiment relictuel, une grande partie ayant été mise en culture. Les pelouses restantes évoluent vers le pré pâturé mésotrophe. Par contre, la zone des Craies Ratées est beaucoup plus étendue et typique. Elle occupe un flanc de coteau orienté à l'ouest et au nord-ouest. Composée de pelouses plus ou moins embuissonnées, d'anciennes cultures reconverties en prairies, de bosquets et de parties forestières, elle est pâturée par des chevaux. Les conditions écologiques sont propices à l'expression de groupements de pelouses sèches (sols superficiels à squelettiques pauvres en éléments nutritifs et aux réserves en eau limitées, bon ensoleillement). Cet habitat d'intérêt européen est prioritaire. La flore, diversifiée, est riche en espèces patrimoniales et inclut de nombreux éléments d'affinité méditerranéenne, dont la violette des rochers (seule station connue en Haute-Saône) et le trèfle strié (protégé au plan régional).
A ces habitats disposés en mosaïque est associée une faune remarquable. Il faut notamment souligner la présence du lézard vert, de l'alouette lulu et de l'engoulevent d'Europe. La pie-grièche grise est notée en hivernage. Le peuplement d'insectes est riche de 18 espèces de papillons de jour et de 11 espèces de sauterelles et criquets. Au sein de ce cortège, le moiré franconien (de répartition localisée) et surtout l'azuré du serpolet se démarquent particulièrement : ce dernier, menacé en Franche-Comté, est protégé au plan national.
La rangée de tilleuls de l'allée de la Chapelle Sainte-Anne abrite une colonie d'une dizaine d'individus de murin de Bechstein. La présence de cette chauve-souris est exceptionnelle, puisqu'il s'agit de la première colonie de mise-bas recensée en Haute-Saône. Cette espèce très rare compte moins de 30 colonies en France. Typiquement forestière, elle fréquente préférentiellement les bois au sous-étage arbustif important.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Pelouses vésuliennes et vallée de la Colombine ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/09/09, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
De façon générale, les pelouses sèches sont en régression. Cette zone est soumise à deux types de menaces actives : les secteurs les plus favorables sont intensifiés, voire mis en culture, tandis que la déprise agricole et l'abandon se traduisent par une recolonisation de la forêt et la fermeture du milieu. Dans les deux cas, la flore et la faune typiques sont remplacées par des espèces plus banales. La gestion la plus appropriée vise à conserver des pelouses ouvertes ponctuées de buissons, structure paysagère la plus favorable à une diversité élevée. Certaines prairies sont relativement intensifiées alors qu'une extensification serait souhaitable. A cet effet, la mise en place de mesures agri-environnementales serait à encourager.
La préservation d'un réseau de pelouses sèches à l'échelle de la région vésulienne est primordiale pour la conservation de certains taxons (azuré du serpolet, lézard vert), pour lesquels ce secteur constitue un pôle de répartition.
Le maintien des vieux arbres présentant des parties creuses est vital pour la pérennité de la colonie de murin de Bechstein.
