DESCRIPTION
La plaine de la Bresse se situe entre la bordure externe de l'arc jurassien et le Massif Central. Au cours de l'ère tertiaire, cette partie nord du bassin d'effondrement du Rhône et de la Saône était occupée par un lac au fond duquel de grandes épaisseurs d'alluvions se sont déposées. Le retrait progressif du lac bressan a laissé place à de vastes marécages.
La Bresse comtoise forme une entité paysagère et culturelle homogène, constituée d'un complexe interactif et cohérent d'étangs, de prairies et de boisements humides sur des sols peu perméables, dans un relief à peine vallonné. L'origine des étangs de Bresse semble remonter au XIIIe siècle. Ces plans d'eau peu profonds, le plus souvent à vocation piscicole, ont été créés par l'homme. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes d'une grande valeur biologique.
La zone humide comprise entre les étangs Chancelier et Le Guet est un complexe en milieu forestier intégrant quatre plans d'eau connectés entre eux, parmi lesquels l'étang Seigneur, l'un des plus anciens et des plus vastes de Bresse. De type méso-eutrophe (non acides et moyennement riches en éléments nutritifs), ils sont caractérisés par le potamot capillaire. L'intérêt écologique est marqué par la présence d'aulnaies marécageuses et de roselières bien développées en queue des étangs et en ceinture.
D'une grande richesse floristique (54 plantes recensées), la zone abrite des espèces devenues rares en Franche-Comté pour lesquelles la Bresse constitue un bastion. Outre la châtaigne d'eau, la grande utriculaire et le faux-nénuphar, ces étangs et leurs abords recèlent la petite naïade, la laîche faux-souchet, le scirpe à inflorescence ovoïde et le potamot à feuilles aiguës, toutes protégées au plan régional. Deux espèces typiques des berges exondées en fin d'été et bénéficiant d'une protection nationale sont également recensées : la marsilée à quatre feuilles, petite fougère à morphologie caractéristique et la lindernie couchée.
Composante du réseau des étangs bressans, cette zone est attractive pour l'avifaune (notamment pour les oiseaux paludicoles) qui trouve dans ces milieux imbriqués des lieux de nidification et d'étape migratoire. Le blongios nain, le plus petit des hérons de nos régions, est un nicheur régulier sur la zone. Emblématique des roselières, cette espèce subit une réduction alarmante de ses effectifs. La rousserolle turdoïde, inféodée aux mêmes biotopes, se reproduit aussi sur le site. Le héron pourpré et le phragmite des joncs le fréquentent régulièrement.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2 000 " Bresse jurassienne nord ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 20/01/82, 22/06/92 et 17.04.1981).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (lagunage naturel).
La préservation de l'intégrité du milieu et de la qualité de l'eau ainsi que le contrôle du fonctionnement hydrologique sont les garants d'une bonne fonctionnalité écologique et, par là même, d'une bonne productivité. Dans les étangs, le maintien d'une pisciculture extensive est à encourager. La pérennité des habitats est liée à la préservation des pratiques de gestion traditionnelles : limitation de l'artificialisation des rives, conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles, baisse du niveau des eaux en fin d'été. L'assec périodique après la pêche favorise la minéralisation de la matière organique et le contrôle de l'extension de la végétation herbacée. Enfin, le maintien des essences de feuillus, l'absence de drainage ou d'assainissement permettent de préserver le niveau de diversité biologique caractérisant les boisements périphériques.