ZNIEFF 430007721
TOURBIÈRES D'ENTRE CÔTES DU MILIEU

(n° régional : 41022001)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le site des « Entre-Côtes du Milieu », d’un attrait paysager remarquable, appartient à l'ensemble forestier de la Haute-Joux. Cette zone est enclavée au fond d'une combe axiale issue de l’érosion de la voûte plus tendre de l’anticlinal calcaire d’âge Jurassique. Ce secteur est ainsi enserré entre deux barres de reliefs couvertes par la forêt. Des dépôts glaciaires imperméables colmatant le fond de la combe sont à l’origine de la formation de milieux tourbeux. Un ruisseau y prend sa source et son cours longe toute la combe vers le sud.

 

Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l’installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d’eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l’eau libre (tremblants) puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d’un réseau karstique induit la création d’îlots soustraits à l’influence des eaux carbonatées. Une transition s’opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l’assèchement et l’installation des ligneux marquent le stade ultime. Souvent, les tourbières sont dites « mixtes », présentant différents stades et des formes de transition riches en espèces. Ainsi, sur ce site, la gamme des habitats tourbeux représentés sur une vingtaine d'hectares est remarquable. Plusieurs unités écologiques s’y côtoient : tourbière haute bombée (buttes de sphaignes entrecoupées de gouilles, groupement plus évolué à scirpe cespiteux), bas-marais alcalin où domine la laîche de Davall, marais de transition dans les anciennes fosses d'extraction, prairies humides à trolle et bistorte, mégaphorbiaie, moliniaie, cariçaie à laîche paniculée et enfin boisements tourbeux (aulnaies et pessières sur tourbe) dans la partie la plus asséchée.

 

Cette zone recèle nombre de plantes rares, strictement inféodées à ces milieux humides, dont huit sont protégées en France ou dans la région. Par exemple, on peut citer le rossolis à feuilles rondes, l’andromède à feuilles de polium, l’utriculaire jaune pâle ou encore l’œillet superbe.

 

La variété floristique et la diversité de structure sont extrêmement favorables à l’accueil d’une faune typique : trois papillons de jour protégés en France sont ainsi recensés (le solitaire des tourbières, le cuivré de la bistorte et le damier de la succise). Parmi les vertébrés, on signalera le casse-noix moucheté (typique de ces milieux montagnards supérieurs) et la vipère péliade.

 

STATUT DE PROTECTION

Cette zone est incluse dans le site Natura 2000 « Entre-Côtes du Milieu ». En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92, 23/04/07, 29/11/07 et 29/10/09).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Toutefois, ces milieux sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations, notamment sur le plan hydrologique. Si cette tourbière est à l'abri des drainages, elle pourrait souffrir de l'enrésinement environnant : en effet, les plantations contribuent à l’assèchement et entraînent une fermeture rapide du fond de la combe. Des mesures adaptées doivent donc être définies afin de mettre un terme à cette artificialisation et de préserver l'intérêt paysager et écologique de cette magnifique combe. Cette tourbière a fait l'objet d'actions de restauration dans le cadre d'un programme Life nature et des opérations de protection sont engagées (maîtrise foncière).

 

Cet ensemble exceptionnel, autrefois occupé par une communauté villageoise, est maintenant très isolé et bénéficie d'une grande tranquillité. Il serait souhaitable que cette situation particulière, favorable sur le plan de la biodiversité, soit perpétuée à l’avenir.

Commentaires sur la délimitation
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