ZNIEFF 430007724
TOURBIERE DES JACOBEYS

(n° régional : 40000048)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Située à quelques kilomètres au sud-est du village de Prémanon, au lieu-dit « Aux Mouillettes », la tourbière des Jacobeys occupe une cuvette de surface réduite, creusée dans les calcaires récifaux du Crétacé, à presque 1200 mètres d’altitude. Les matériaux, arrachés au substrat en place lors du retrait des glaciers il y a environ 10000 ans, en tapissent le fond, créant une couche imperméable. Appartenant au vaste complexe de « La Combe du lac », coincée entre les reliefs du Bois de Ban et de la Montagne des Tuffes, les conditions climatiques de ce secteur de la haute chaîne du massif jurassien sont particulièrement rudes. Les hivers très froids et longs, les précipitations importantes, l’absence de période sèche de longue durée, ces conditions s’ajoutant aux caractéristiques topographiques et géologiques du secteur, créent des conditions favorables à l’omniprésence de l’eau et à l’installation de milieux très originaux que constituent les tourbières et les habitats qui les accompagnent.

 

Malgré sa faible superficie et sa situation à proximité de la forêt, la tourbière des Jacobeys n’en présente pas moins les caractéristiques d’un site exceptionnel tant au niveau de la diversité des milieux qui la composent que de la flore et de la faune qui la fréquentent.

La moitié nord du site est occupée par un bas marais alcalin, première phase de la formation d’une tourbière, où se distinguent plus particulièrement, dans le cortège floristique, la violette des marais, la laîche de Davall, la swertie vivace, la primevère farineuse et la grassette commune, protégée au niveau régional.

Une mégaphorbiaie, sorte de prairie où les plantes atteignent un grand développement (reine des prés, renoncule à feuilles d’aconit…), assure la transition entre le bas marais et les prairies humides à molinie qui entourent le site. Riche en espèces à longues périodes de floraison, elle offre de très bonnes potentialités à l’entomofaune, très diversifiée également ici.

L’intérêt biologique et écologique du site des Jacobeys est encore renforcé par la présence du stade ultime de l’évolution dynamique naturelle des tourbières du Haut Jura : la tourbière boisée de pins à crochets, composée essentiellement de myrtilles parmi lesquelles on note la présence de l’airelle des marais et de la canneberge, ainsi que de deux plantes menacées : la camarine noire et la discrète andromède à feuilles de polium, qui s’est installée sur les coussins de sphaignes.

En périphérie, la topographie et l’éloignement de l’eau stagnante favorisant un ressuyage des sols, la pessière sur tourbe succède à cette formation à myrtille et pins à crochets. Quelques saules et bouleaux animent la forêt d’épicéas et son sous bois de myrtilles.

Sur un plan faunistique, le cortège lépidoptérique présente un intérêt notable et l'on rencontre notamment sur ce site plusieurs espèces de papillons de jour présentant une tendance régionale à la régression: petit collier argenté (Boloria selene) ([Denis & Schiffermüller], 1775), cuivré écarlate (Lycaena hippothoe) (Linnaeus, 1761) et fadet de la mélique (Coenonympha glycerion) (Borkhausen, 1788).

 

STATUT DE PROTECTION

La présence de trois espèces végétales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 et du 22.06.1992 assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de cette espèce et de son biotope est interdit.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Globalement bien conservé, le site de la tourbière des Jacobeys est remarquable. La mosaïque des groupements qui le composent traduit une évolution peu perturbée par les activités humaines. Aujourd’hui encore, la nuisance la plus marquante, même si elle reste minime, est la présence intermittente de bétail en pâturage sur la tourbière.

Afin d’assurer la pérennité de ce site, quelques mesures de préservation seraient judicieuses comme d’éviter toute opération de drainage et d’assainissement afin de limiter les déséquilibres hydriques, mais également d’éviter le pâturage sur la tourbière. Ce type de traitement, en effet, participe à une lente dégradation des conditions écologiques par tassement des sols mais aussi par des modifications d’ordre trophique (apport de matières azotées). Enfin, la réalisation d’aménagements destinés à encourager la fréquentation humaine est à proscrire.

Commentaires sur la délimitation
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