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Description
La tourbière du Manon, d’une surface de presque 19 hectares, est localisée sur le territoire communal de Septmoncel, à proximité du hameau du Manon, et fait partie du Parc Naturel Régional du Haut-Jura. De fait, elle correspond à l’extrémité, vers le nord, d’une vaste combe qui s’étire selon une orientation nord-est - sud-ouest, suivant en cela les formations tendres des marnes argoviennes (Jurassique supérieur). En quelques localités – et c’est le cas pour la tourbière du Manon - ces formations géologiques anciennes sont recouvertes de matériaux glaciaires issus de l’épisode très froid survenu il y a environ 10 000 ans. Située à une altitude de près de 1200 mètres, le site subit des conditions climatiques assez rudes. Ces facteurs environnementaux, topographiques, géologiques et climatiques, sont à l’origine de l’installation d’écosystèmes particuliers : les tourbières.
Le site du Manon regroupe des milieux d’une valeur patrimoniale importante, et notamment plusieurs phases de l’évolution dynamique de la tourbière. L’exploitation très intense de la tourbe durant plusieurs années a profondément marqué ce site qui se cicatrise peu à peu. Si la toute première étape de cette construction (bas marais alcalin) n’est pas représentée ici du fait de cette activité passée, des îlots, soustraits à l’influence des eaux carbonatées, ont commencé à se développer, sous l’influence des eaux météoriques. Les conditions trophiques sont alors assez basses, à l’origine de l’élaboration d’un bas marais acide, composé de sphaignes. Ces dernières, en se développant, formeront peu à peu le « socle » de la tourbière bombée. Alentour se sont établies des prairies humides à trolle et molinie qui assurent la transition entre la tourbière et les prairies plus mésophiles.
Les milieux qui se sont peu à peu reconstitués ou les parties épargnées par les activités humaines accueillent tout un lot d’espèces remarquables, typiques de ces milieux comme les linaigrettes à feuilles engainantes et à feuilles larges, les myrtilles, la laîche étoilée, la potentille des marais… Mais c’est la présence d’une espèce protégée en France, l’andromède à feuilles de polium, ainsi que la présence du rare trèfle marron qui marquent l’intérêt du cortège floristique. En effet, seulement quatre stations de ce trèfle ont été recensées dans le département du Jura.
La qualité de la faune est tout aussi importante. Le tourbière du Manon abrite plusieurs espèces de papillons, dont deux présents ici sont protégés au niveau national : le fadet des tourbières et la nacré de la canneberge. De nombreux oiseaux dont le tarier des prés, espèce jugée vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées, l’alouette lulu et la pie-grièche écorcheur, espèces potentiellement menacées, et fréquentent le site.
Statut de protection
La présence de plusieurs espèces végétales et animales, citées dans les arrêtés ministériels des 20.01.82, 22.06.92 et 23.04.07 assure indirectement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit.
Objectifs de préservation
Malgré une activité d’exploitation de la tourbe importante, il y a quelques décennies, une bonne partie des milieux est voie de reconstitution actuellement, certains présentant d’ailleurs un intérêt patrimonial fort.
Afin d’assurer la pérennité de ce site et un meilleur état de conservation, il serait souhaitable d’y appliquer diverses mesures de gestion. En premier lieu, toute opération de drainage et d’assainissement est à proscrire, afin de limiter les déséquilibres hydriques, de même que l’apport de fertilisants dans la tourbière ou les prairies environnantes.
Afin d’éviter le piétinement sur les parties les plus sensibles, la fréquentation du public doit être réduite et canalisée, de même que le pâturage doit être limité sur la tourbière. Le piétinement, en effet, participe à une lente dégradation des conditions écologiques de ces milieux sensibles par tassement des sols.
