Commentaire général
Recouvrant une superficie de près de 350 hectares, la Cluse d’Entreportes et ses environs s’étendent sur sept communes du département du Jura, à l’est de Champagnole, entre 580 et 800 mètres d’altitude. Ce secteur fortement plissé, selon une direction nord-est / sud-ouest, est entaillé profondément dans sa partie septentrionale par une cluse, vallée qui coupe le pli perpendiculairement à son orientation générale. Sa forme « en coup de sabre » en fait d’ailleurs une des plus belles représentations dans la région. Pour le reste, le site présente un relief accidenté, composé d’une partie plane succédant au nord, à l’ouest et au sud à des versants abrupts, recouverts d’éboulis et surmontés de grandes parois calcaires du Jurassique supérieur et du Crétacé.
Ces caractéristiques géomorphologiques variées permettent à de nombreux milieux naturels de s’exprimer. Si la majeure partie de la surface est occupée par la forêt, à consonance montagnarde malgré tout peu évidente, il n’en subsiste pas moins de nombreux habitats, à extension relativement modeste. Les conditions « séchardes » régnant sur les pentes d’adret sont favorables aux groupements xérothermophiles : pelouses à orpins sur dalles ou xérophiles de bord de corniche, pelouses à laîche humble et brome érigé sur sols très superficiels, ourlets à géranium sanguin, fruticées à coronille arbrisseau et cerisier de Sainte-Lucie, groupements de parois ensoleillées à mélique ciliée, ces dernières souvent soulignées par de la chênaie pubescente. L’aconit anthora, espèce protégée en Franche-Comté, fait d’ailleurs partie des communautés végétales présentes au sud du site.
Une telle diversité des habitats est à l’origine d’un éventail intéressant d’espèces animales peu fréquentes. L’ascalaphe trouve des conditions favorables dans les milieux thermophiles, tandis que l’apollon, protégé en France, est l’hôte des pelouses de bord de corniche.
De nombreux oiseaux complètent la liste des espèces d’intérêt patrimonial sur ce site et parmi eux des espèces protégées au niveau national : faucon pèlerin, nicheur des parois calcaires, hirondelle de rochers, milan royal, hibou grand duc, pic noir…
Statut de protection
Aucune mesure de protection réglementaire n’est mise en place sur le site dans son ensemble si l’on excepte l’arrêté préfectoral de protection de biotope du 14 janvier 2010 pour les oiseaux rupestres et le grand duc. Cependant, la présence d’une espèce végétale protégée au niveau régional et de plusieurs espèces animales protégées en France implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels du 22.06.1992, 23.04.2007 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Actuellement, la plus grande partie du site est occupée par une forêt de production, plus ou moins fortement exploitée notamment dans les secteurs de plateau ou de pentes peu prononcées. La fréquentation du public (pratique de la randonnée, du VTT, du quad…) y est assez intense.
Afin de conserver l’intérêt patrimonial de ce site, mais aussi le bon équilibre écologique qui existe entre les différents habitats, il paraît judicieux de prendre quelques mesures. Les interventions sylvicoles seront limitées dans les forêts de pente, afin d’éviter tout risque d’éboulement. Les plantations monospécifiques seront à limiter autant que possible. Afin de préserver les milieux ouverts en voie d’enfrichement, il serait judicieux de pratiquer l’entretien par débroussaillage manuel pour ralentir ou éviter la fermeture de ces milieux ouverts. Leur maintien passe également par l’application de mesures agro-environnementales, notamment la gestion extensive.
Les caractéristiques de ce site engendrant une assez forte fréquentation du public, on préviendra les effets liés au piétinement par des aménagements de sentiers.