ZNIEFF 430007776
TOURBIERES DES COMBES ET EN PISSARD

(n° régional : 40000030)

Commentaires généraux

Commentaire général

Appartenant au Second Plateau du Jura, le plateau de Longchaumois se présente comme une vaste surface tabulaire venant buter contre les premiers contreforts de la Haute Chaîne, à environ 850 à 900 mètres d’altitude. Composé pour l’essentiel de calcaires durs du Jurassique supérieur et de niveaux plus tendres (marnes du Crétacé), il a été profondément marqué par les glaciations, il y a un peu plus de 10 000 ans. Lors de leur retrait, les glaciers ont abandonné de nombreux matériaux qui sont encore visibles à l’affleurement, imprimant un modelé caractéristique au relief. À la faveur de petites dépressions, ces matériaux imperméables ont favorisé l’installation de milieux particuliers caractérisés par la présence permanente de l’eau, conditionnée elle-aussi à des précipitations importantes. Il s’agit des tourbières, en nette régression depuis quelques décennies et l’extension des activités humaines dans ce secteur du Haut-Jura.

Située au sud-est de Longchaumois, au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, les tourbières « En Pissard» et « Les Combes » correspondent à un beau complexe marécageux établi sur sols tourbeux, faisant apparaître pratiquement tous les stades d’évolution de la tourbière. Un bas marais alcalin à laîche de Davall, ponctué de gouilles qui accueillent la laîche des bourbiers, protégée en France, précède le stade de tourbière bombée à sphaignes de Magellan, puis celui de la tourbière boisée à bouleau. Des communautés à « hautes » herbes, les mégaphorbiaies, assurent la transition entre ces groupements tourbeux et les prairies humides paratourbeuses à trolle et molinie où l’œillet superbe, protégé en France, et la grassette commune, protégée en Franche-Comté, ont été observés. De nombreuses espèces caractéristiques de ce type de milieu y trouvent également refuge comme le pédiculaire des marais et de nombreuses orchidées parmi lesquelles l’épipactis des marais, l’orchis incarnat et l’orchis tacheté. Le reste du site, légèrement surélevé et sur lequel les sols sont un peu mieux drainés, accueille des prairies plus mésophiles. Des îlots de saules et des petits boisements linéaires complètent la mosaïque des milieux.

L’intérêt patrimonial du site vis-à-vis de la faune n’est pas en reste. Ce bel ensemble d’habitats humides abrite en effet le rare bombyx alpin. Il est également favorable à de nombreux odonates parmi lesquels la grande Aeschne et l’aeschne bleue, le sympetrum rouge sang et la nymphe au corps de feu, ces quatre espèces étant inscrites sur la liste rouge des espèces menacées en Franche-Comté. Enfin, le casse-noix moucheté, protégé en France, bénéficie également des habitats de ce site.

 Statut de protection

La présence de trois espèces végétales, citées dans les arrêtés ministériels du 31.08.1995 (annexe 1) et du 22.06.1992, et d’une espèce animale (arrêté du 29.10.2009) assure indirectement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de ces espèces et de leur biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

Objectifs de préservation

Les zones humides sont des réservoirs de biodiversité, mais aussi des acteurs importants dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Mais ces milieux fragiles et sensibles aux perturbations de tous ordres méritent que l’on y prenne attention. Actuellement, les tourbières « En Pissard » et « Les Combes » sont en assez bon état.

Afin de maintenir au mieux l’état de ce complexe tourbeux et d’en assurer la pérennité, certaines mesures sont à prendre en compte : éviter toute opération de drainage et d’assainissement, préjudiciable à la fonctionnalité hydrologique, maintenir l’équilibre trophique des sols en évitant les apports d’intrants, ce qui à terme entraîne un changement de la composition floristique de la végétation et la disparition des espèces d’intérêt patrimonial, contenir l’enfrichement par des pratiques pastorales extensives.

Prospection 2018 :

 Deux évolutions sont à noter, évolution que l’on va retrouver dans quasiment tous ces types de milieux. Les habitats qui ne sont plus exploités par l’agriculture sont petit à petit envahis par la saulaie (cela est bien visible sur les photos aériennes) ou sont plantées en partie en épicéas (cas de la portion la plus à l’est de la tourbière « en Pissard »).
D’un autre côté, on observe une eutrophisation des milieux pâturés ou fauchés.
Cependant, on peut dire que la tourbière « En Pissard » est en assez bon état de conservation, bien que l’on constate tout de même un envahissement par le roseau commun.
La tourbière des Combes est cernée de milieux eutrophes et a tendance à s’eutrophiser également, mais son état de conservation reste convenable.

Etat de conservation de la flore

Parmi les espèces protégées, l’arabette scabre (Arabis scabra) n’a plus été revue depuis 1977. L’Œillet superbe (Dianthus superbus) a été revu au niveau de la tourbière « En Pissard » ; il est présent régulièrement, bien que ne formant pas au total une grosse population.
La laîche des bourbiers (Carex limosa) n’a pas été revue en 2018, mais elle se trouve sur de petites surfaces et a pu passer inaperçue. Le milieu qui l’abrite étant toujours présent, il est possible qu’elle soit toujours là.
La grassette commune (Pinguicula vulgaris) n’a pas été revue malgré une recherche attentive. Cette espèce est facilement identifiable toute l’année. Il est probable qu’elle aie disparu ou que les effectifs soient très faibles.
La noix-de-terre (Bunium bulbocastanum) n’a pas été revue en 2018.
Le scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum) est par contre toujours présent au niveau de la tourbière « En Pissard ».

Menaces observées

Ces milieux sont menacés par la dynamique naturelle lorsqu’ils ne sont plus exploités par l’agriculture : envahissement par la saulaie ou la mégaphorbiée puis la saulaie.
Une menace bien réelle est aussi le risque de transformation en plantation d’épicéas.
Ces habitats caractéristiques de sols pauvres sont très sensibles à l’eutrophisation et à toute modification du régime hydrique.

Propositions de gestion des milieux

Eviter toute transformation par la plantation d’épicéas.
L’idéal serait de maintenir un pâturage très extensif dans les secteurs de prairie à molinie et de garder une zone tampon assez large autour de ces milieux sensibles, zones qui ne devraient recevoir ni engrais ni amendements organiques.

Commentaires sur la délimitation
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