ZNIEFF 430007777
VALLEE DE LA LOUE DE ORNANS A QUINGEY

(n° régional : 36087000)

Commentaires généraux

DESCRIPTION DU SITE - INTERET

La Loue, résurgence alimentée par les pertes du Doubs, du Drugeon et de nombreux éléments du réseau karstique, prend sa source à la limite du premier et du deuxième plateau du Jura, aux environs de Ouhans.

Située au sein des plateaux calcaires ondulés du Jurassique supérieur et moyen, la vallée va déployer une suite de paysages attachants et typés. Sur ses 25 premiers kilomètres, elle entaille les plateaux calcaires et circule dans une gorge étroite, sinueuse, sauvage et boisée. Jusqu'à Vuillafans, elle parcourt des bassins encaissés, sans terrasses alluviales, aux versants couverts de prairies ou d'épicéas, surmontés par de longues corniches calcaires qui surplombent la rivière. A partir de Vuillafans, le fond de la vallée s'étale et forme une plaine de 500 m de large. Entre Ornans et Chenecey, la Loue développe des méandres entre les versants marneux externes, bordés de forêts et toujours dominés par les longues corniches calcaires.

Les nombreuses reculées qui s'ouvrent aux environs d'Ornans et se prolongent en direction de Quingey offrent des milieux remarquables (falaises, éboulis, corniches, plateaux, pentes et fonds de vallon), colonisés par des groupements végétaux caractéristiques.

Ces ensembles essentiellement forestiers ont conservé leur aspect sauvage et les groupements végétaux rencontrés sont bien typés. On y recense des forêts de pente ombragées (hêtraies à dentaire et érablaies à scolopendre) et sur les pentes bien exposées des hêtraies thermophiles** à céphalanthère de même que des tiliaies (forêts de tilleul sur pente forte ou éboulis). Ils sont bien représentés au niveau des vallons de Norvaux et de Valbois. Des barres rocheuses les dominent et les moindres aspérités de la roche sont colonisées par des végétaux différents selon l'exposition. Les corniches thermophiles* sont colonisées par des landes à chêne pubescent, la hêtraie thermophile et plus souvent, par des pelouses.

Sur le plan avifaunistique, plusieurs espèces particulièrement intéressantes ont été recensées sur la zone : l'engoulevent d'Europe, l'alouette lulu, le busard Saint-Martin, le grand-duc d'Europe, le faucon pèlerin, le milan royal, l'hirondelle des rochers, l'hirondelle des rivages, le guêpier d'Europe et le harle bièvre.

Parmi ces dernières, il convient de distinguer les pelouses xériques* à anthyllide des montagnes et les pelouses submontagnardes thermoxérophiles* à brome dressé, situées plus en retrait. La variation de la composition floristique observée est liée au caractère superficiel des sols, à l'exposition et aux conditions hydriques. Toutes sont liées à l'absence de fertilisation. Ces pelouses sont entourées d'ourlets forestiers à géranium sanguin et peucédan des cerfs, typés et assez rares dans le département. Plus rarement, comme au pied du Rocher de Colonne (Scey-en-Varais), on observe une pelouse se développant sur les marnes oxfordiennes. Elle se caractérise par la présence d'une espèce typique et peu commune, le lotier maritime. Cette pelouse évolue, dans les stations où l'écoulement de l'eau devient plus important, vers un groupement riche en molinie (Molinion).

Sur le site, la Loue recouvre 4 niveaux typologiques de VERNEAUX, correspondant aux zones à truite supérieure et moyenne, naturellement riches en espèces polluosensibles. Les structures physiques de haute qualité sont représentées par l'alternance régulière des seuils et des mouilles, accordée à la longueur d'onde des méandres et à la largeur du lit mineur, d'une part et la présence de barres de tuf, densément colonisées par les mousses aquatiques et les macroinvertébrés benthiques, d'autre part. Le site abrite de très belles populations de truite autochtone. Sur la partie basse, la présence de l'Apron (observations annuelles régulières) témoigne de la qualité écologique du site, notamment sur les secteurs où la rivière a conservé ses caractéristiques originelles (tronçon Chenecey-Chouzelot). La qualité de l'eau appartient à la classe 1B ; elle présente des problèmes (connus depuis plus de 10 ans) de surcharge en composés du phosphore et dans une moindre mesure, de l'azote dès la source et renforcés par la mauvaise qualité de certains petits affluents (ruisseaux de Vervaux, d'Amathay-Vésigneux par exemple). A l'amont de la résurgence, les surcharges mesurées sur le Doubs et le Drugeon et aggravées par les proliférations d'algues, constituent, pour partie, une des causes des problèmes rencontrés sur le site où les valeurs d'indice biologique (I.B.G.N. 14 - 15 / 20) devraient être parmi les plus élevées du bassin, compte tenu des potentialités biologiques du cours d'eau.

Les secteurs de pelouses, l'alternance de milieux ouverts et boisés, de même que la présence sur un espace restreint d'une grande variété d'habitats naturels favorise localement une grande richesse faunistique avec plusieurs espèces de reptiles et insectes protégés. Pour ce qui concerne les oiseaux, le relief du secteur favorise la nidification du faucon pélerin mais on notera également la gélinotte, la pie grièche écorcheur, l'alouette lulu, la bondrée apivore... Enfin, quelques grottes sont mises à profit par les chauves-souris, comme lieux de transit ou d'hibernation. Les deux sites importants de la zone sont la grotte de Nahin (Cléron) et la grotte à l'ours (Chenecey-Buillon - znieff de type I) accueillant de petits populations de Minioptères de Schreibers en transit (respectivement au printemps et en automne), connectées avec la Haute-Vallée et Basse-Vallée de la Loue. D'autre part, le Petit rhinolophe et le Vespertilion de Daubenton se reproduisent dans le secteur avec notamment deux gîtes sur Cléron (église et ancien pont de chemin de fer, tous deux znieff de type I). Enfin, de nombreuses espèces de chiroptères fréquentent les massifs boisés de la vallée (Barbastelle, Noctule de Leisler, Oreillard sp.).

OBJECTIFS ET MOYENS DE PRESERVATION ET DE GESTION

Les objectifs de gestion et les moyens de préservation découlent de la sensibilité particulière des milieux naturels et des atteintes observées. Sur l'ensemble du site, plusieurs priorités se dégagent ; les moyens permettant de les atteindre devront faire l'objet d'une définition au niveau local sur les thèmes suivants :

Amélioration de la qualité de l'eau :

Þ réduction de la charge en éléments fertilisants à l'amont de la source et dans la vallée (renforcement des normes de rejet et création de dispositifs d'assainissement performants en termes d'abattement de la charge en phosphore) ;

Þ amélioration de la capacité de stockage des effluents d'exploitations agricoles sur le bassin versant ;

Préserver le cours d'eau et sa dynamique :

Þ réduction des vitesses de transit des eaux de ruissellement dans le bassin versant et dans le lit majeur ;

Þ stabilisation des profils en long et en travers du cours d'eau

Þ accorder les rythmes de prise d'eau des microcentrales au régime des cours d'eau en substituant à la notion de débit réservé celle de " débit biologique acceptable " et en demeurant vigilant en termes de respect des débits réservés, d'entretien et de gestion des microcentrales. Sur le site des gorges de Nouailles,les potentialités du cours d'eau sont réduites par les prélèvements d'eau à la source ;

Þ ne créer aucune nouvelle microcentrale ;

Þ respecter la libre circulation du poisson de l'aval à l'amont du site. L'echelle rustique du barrage de Chenecey, franchie par le goujon en période de basses eaux, est un exemple de dispositif de communication à installer ou à restaurer sur les ouvrages infranchissables (barrage Rivex à Ornans par exemple) ;

Þ éviter le curage et la scarification du lit à des fins "touristiques". Les interventions devront être conduites manuellement et les végétaux coupés devront être évacués vers l'extérieur du cours d'eau ;

Þ interdiction stricte de la pratique du V.T.T. et de la randonnée dans le lit de la rivière ;

Þ réglementation stricte de la pratique du canoé-kayak en période de basses eaux. Reprendre, à ce titre, la valeur de 4,5 m3/s comme seuil de base pour le pratique de cette activité ;

Þ éviter les modifications de structure du lit de la Loue pour des motifs de lutte contre les crues, l'équilibre existant représentant un des plus puissants facteurs de qualité écologique du cours d'eau sur l'ensemble du site ;

Þ éviter la création de plans d'eau dans le lit majeur.

Protection des habitats terrestres :

Þ protéger impérativement les formations tufeuses,

Þ assurer une gestion conservatoire des formations végétales d'éboulis et des pentes rocheuses les plus intéressantes,

Þ conduire sur les pelouses des pratiques d'entretien visant à favoriser leur maintien : fauche ou pâturage extensifs adaptés, absence de fertilisation, contrôle de l'embroussaillement et si besoin, défrichement raisonné,

Þ compte tenu de la nature des formations végétales et de leur intérêt biologique (maturité et structure), la gestion des massifs forestiers nécessitent la mise en place d'une cartographie opérationnelle qui permettra de définir, les secteurs non exploitables, ceux devant faire l'objet d'une gestion particulière et ceux où une gestion ordinaire adaptée aux potentialités du milieux est suffisante. Parmi les deux premières catégories, il convient de distinguer les forêts de pente et d'éboulis (érablaies, tiliaies, hêtraies à dentaire), les saulaies et aulnaies, les groupements forestiers thermophiles* et les forêts vieillies,

Þ maintenir les milieux intraforestiers ouverts,

Þ limiter l'enrésinement des pentes et favoriser toutes mesures susceptibles de maintenir l'ouverture et la qualité des paysages,

Þ privilégier le maintien de prairies en fond de vallée et favoriser la conduite de pratiques agricoles extensives sur les secteurs inondables.

Enfin, il convient d'organiser la fréquentation afin de limiter les impacts liés au dérangement (certains milieux souterrains, falaises...) ou au surpiétinement (bordure de corniches, pelouses sèches...).

Commentaires sur la délimitation
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