ZNIEFF 430007778
FALAISES DE SCEY-EN-VARAIS ET ROCHER DE COLONNE

(n° régional : 36087003)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Dominant Cléron, le Rocher de Colonne est un bel ensemble paysager, caractéristique de la haute vallée de la Loue. Outre ses falaises de calcaire massif, ce site concentre une grande diversité de milieux sur le coteau marneux en contrebas. L'utilisation agricole extensive de ce versant a ainsi favorisé l'expression d'une végétation très spécifique, adaptée aux forts contrastes hydriques des marnes oxfordiennes.

 

Au sommet du Rocher, le plateau limoneux est occupé par une chênaie-charmaie à tendance acide, jusqu'à ce que le sol s'amincisse considérablement pour laisser la place aux pelouses de corniches. De très petites surfaces sont ainsi le domaine de prédilection de la pelouse mésoxérophile à laîche humble et brome dressé et surtout de la pelouse thermoxérophile à laîche humble et anthyllide des montagnes. La première, colonisant davantage l'arrière de la corniche où subsiste un sol superficiel, éprouve des difficultés à se maintenir face au développement d'un ourlet à géranium sanguin et peucédan des cerfs, d'une fruticée mésophile et de quelques chênes pubescents rabougris. La seconde pelouse forme quant à elle un gazon écorché en surplomb de la falaise, à l'abri de toute colonisation ligneuse. En contrebas, l'érosion de la paroi verticale crée des anfractuosités favorables à une maigre flore, adaptée à la rudesse des conditions écologiques régnant dans de tels endroits, et procure au faucon pèlerin et au faucon crécerelle les cavités naturelles dont ils ont besoin pour nicher.

 

Au pied du Rocher, les éboulis abrite une hêtraie thermocalcicole, rapidement remplacée par un manteau forestier en guise de transition avec les parcelles soumises à un pâturage extensif. La prairie la plus recouvrante est une pâture mésotrophe à brome dressé et crételle, comportant une richesse spécifique notable et une structure hétérogène, favorables aux invertébrés. En mosaïque, la pelouse marnicole à plantain serpentant et tétragonolobe à siliques occupe les secteurs les plus humides. Mais l'originalité de ce coteau est d'être parcouru par des micro-écoulements, permettant la présence de pâtures hygrophiles et de prairies longuement engorgées, dominées par les touffes de la molinie ou de la linaigrette à larges feuilles. Toutefois, l'insuffisante pression de pâturage sur plusieurs parcelles s'accompagne d'un enfrichement par une fruticée de genévrier et de prunellier, parfois surmontée de bouleau et de pin sylvestre. Cette imbrication de milieux accueille de nombreux insectes, dont le damier de la succise, papillon menacé en Europe, et l'orthétrum brun, odonate utilisant la grande mare creusée.

 

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces de flore, d'insectes et d'oiseaux protégés par les arrêtés ministériels des 17.04.81, 22.06.92 et 6.05.09 assure indirectement la protection de cette zone puisque sont interdits tous actes de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

Hormis le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre en période de nidification, la gestion conservatoire de ce site implique un entretien très léger des pelouses de corniches sujettes à l'enfrichement, de même que la proscription des places à feu. Sur le coteau, il serait impératif de mettre en place un débroussaillage des pelouses mésophiles et des prairies humides, tout en veillant à maintenir des îlots arbustifs épars et à exporter les végétaux coupés. Parallèlement, la restauration du pâturage extensif sur l'ensemble du site s'avère indispensable, même s'il est préférable de le limiter lors des périodes humides afin d'éviter un surpiétinement. A défaut de pâturage, une fauche tardive et régulière (tous les trois ans) serait une bonne solution. Rappelons que les épandages sur les milieux herbacés sont à éviter. Enfin, l'entretien des accotements routiers en milieu de coteau ne doit pas recourir à des phytocides ou à des opérations de drainage.

- conduite d'une exploitation forestière respectueuse de la haute valeur patrimoniale des groupements en place, proscription des enrésinements et maintien de la typicité de la forêt alluviale résiduelle,

- extensification des pratiques dans les prairies et réduction maximale des épandages sur tous les milieux herbacés,

- poursuite d'un pâturage extensif sur les pelouses marneuses et réalisation d'opérations légères de réouverture des secteurs enfrichés par le genévrier,

- maintien des pelouses en bordure de corniches.

 

Commentaires sur la délimitation

Ensemble délimité par la route, la falaise, les installations de traitement des déchets et les pelouses sur marnes