ZNIEFF 430007779
VALLEE DU LISON ET COMBE D'ETERNOZ

(n° régional : 36103000)

Commentaires généraux

DESCRIPTION DU SITE - INTERET

Parallèle à la haute Vallée de la Loue, le Lison prend sa source à Crouzet-Migette au sud de Nans-sous-Sainte-Anne, au sein d'une vallée encaissée et forestière. C'est une résurgence qui émerge d'une grotte creusée dans le Bathonien du faisceau salinois, au fond d'un cirque rocheux. En amont de l'émergence, le cours du Lison est tout d'abord souterrain : il est jalonné par la vallée d'effondrement du Bief-de-Laizines et par de nombreux entonnoirs qui absorbent l'eau du plateau. Le Creux-Billard, la grotte Sarrazine et les résurgences du Lison et du Verneau forment un ensemble paysager et hydrologique remarquable. A Nans-sous-Ste Anne, l'élargissement brusque de la vallée confère à ce secteur un aspect de cirque ; elle se rétrécit ensuite pour former un canyon étroit qui s'épanouit à l'aval, à partir de Alaise - Refranche.

L'intérêt de la vallée du Lison provient de la diversité de ses milieux inscrits dans un contexte topographique accidenté.

La source du Lison est une des principales résurgences de Franche-Comté ; elle abrite une végétation originale caractéristique des milieux à humidité permanente : c'est une végétation de rochers suintants exposés au nord et accompagnée par une érablière à scolopendre.

La vallée est la plupart du temps encaissée au coeur d'un ensemble forestier continu sur fortes pentes interrompues par des falaises. Une grande variété de milieux va être rencontrée.

Les massifs forestiers se sont installés en fonction de l'exposition. Les hêtraies et hêtraie-chênaies neutrophiles* couvrent les surfaces les plus importantes. Compte-tenu du confinement lié à la topographie, il s'agit de hêtraies froides installées sur forte pente avec des sols peu humifères. Les forêts mixtes de ravins et de pentes d'éboulis à érables et/ ou tilleuls sont également largement représentées sur les versants nord (avec les érablières à scolopendre par exemple) mais également sur les versants exposés au sud. Dans ces conditions, plus chaudes et plus sèches, les tilleuls dominent. Dans certaines conditions, les versants sud peuvent présenter une chênaie thermophile* à chêne pubescent (pente à 45°, sol très graveleux et peu humifère). En raison des grandes difficultés d'exploitation (fortes pentes, desserte mal aisée), les massifs forestiers présentent la plupart du temps des peuplements matures dont les caractéristiques (structure, présence de gros bois...) sont particulièrement intéressantes pour l'ensemble de la faune et la flore.

Les pelouses sèches colonisent les corniches mais elles sont surtout abondantes sur sols marneux. Ce sont des formations à végétation rase croissant sur sols squelettiques non fertilisés. Ces sols sont marqués par des conditions de sécheresse prolongée (cas des corniches) mais également par de forts écarts d'humidité (cas des sols marneux). La corniche et le coteau argileux d'Echay présentent des pelouses xérophiles* calcicoles à fumane couché qui surplombent des pelouses mésophiles* sur sols marneux. Les formations de Doulaize et de Cussey se caractérisent par des pelouses essentiellement mésophiles sur sols marneux. Des formations à genévrier s'installent progressivement sur ces pelouses marquant une phase évolutive des pelouses mésophiles*. Des pelouses intra-forestières sont également reconnues.

La forêt alluviale résiduelle à aulnes et saules occupe le fond de la vallée sous forme d'un linéaire étroit.

Des prairies temporairement inondables occupent le fond de vallée. Elles sont fortement soumises à des actions d'origine anthropique (fauche, fertilisation et pâturage. Trois groupements ont été reconnus : la prairie mésotrophe*, l'arrhénathéraie eutrophe* et la prairie pâturée et piétinée. Elles sont surtout développées à partir de Refranche mais leur extension latérale demeure faible

La faune est également bien représentée par des oiseaux peu fréquents comme le martinet alpin, le grand corbeau ou le faucon pélerin, qui nichent dans les falaises (Sainte Anne, Mont Richard...) et les nombreuses espèces de rapaces, de pics et de passereaux qui établissent leur nid dans les massifs forestiers. Parmi les vertébrés, signalons encore la présence du lézard vert et du lézard des murailles qui trouvent dans les pelouses sèches des lieux à leur convenance. Pour les chiroptères, il est connu 11 espèces présentes notamment en hibernation dans des cavités (Nans-sous-Sainte-Anne et Cussey-sur-Lison) avec de petites populations de Grands rhinolophes et de Petits rhinolophes (50 à 70 individus de chaque espèce). Un site accueille des colonies de transit du Minioptères de Schreibers (Nans-sous-Sainte-Anne). Enfin, le grenier de la taillanderie de Nans-sous-Ste Anne (mais aussi de maisons à Migette et Saraz sur le bord du plateau) abritent, en été, des colonies de petit rhinolophe, espèce de chiroptère en raréfaction importante au niveau national.

La qualité de l'eau est bonne (classe 1A) ; elle correspond aux objectifs fixés. La tendance, soulignée depuis plusieurs années et mesurée sur l'ensemble des cours d'eau franc-comtois à truite, porte, ici, sur une altération de la qualité biologique des secteurs amont proche des résurgences. La qualité actuelle du site de Nans-sous-Sainte-Anne s'éloigne des potentialités écologiques du cours d'eau. Le site recouvre 3 niveaux typologiques de VERNEAUX, au coeur de la zone à truite. Le ruisseau de Conche qui s'écoule dans un contexte forestier en amont et prairial en aval présente également des caractéristiques écologiques remarquables bien que la majeure partie de son cours présente un caractère temporaire.

Le site de Nans-sous-Sainte-Anne offre un puissant attrait touristique qui se développe dans les milieux terrestre, souterrain et aquatique. L'impact qui en résulte s'ajoute aux charges en nitrate et en phosphate véhiculées par les réseaux souterrains du Lison et du Verneau, en contact direct avec les écoulements superficiels des plateaux.

La force hydraulique n'est plus exploitée dans la vallée et les ouvrages n'assurent plus la stabilité du profil longitudinal de la rivière (Cussey, Echay). La raréfaction des pelouses résulte de deux situations antagonistes : déprise et abandon des pratiques agropastorales d'une part et intensification d'autre part. Sur plusieurs parcelles, bien que l'épicéa n'y trouve pas ses conditions de vie optimale des boisements artificiels ont été substitués aux peuplements autochtones et à certaines pelouses.

L'apparition de constructions éloignées du patrimoine bâti ancien et empiétant sur ces espaces constitue un risque d'altération supplémentaire. A ce jour, ce risque est correctement maîtrisé sur le secteur.

OBJECTIFS ET MOYENS DE PRESERVATION ET DE GESTION

Les objectifs de gestion et les moyens de préservation découlent de la sensibilité particulière des milieux naturels et des atteintes observées. Sur l'ensemble du site, plusieurs priorités se dégagent ; les moyens permettant de les atteindre devront faire l'objet d'une définition au niveau local sur les thèmes suivants :

Þ maitrise et traitement des rejets constituent l'objectif prioritaire pour la qualité des eaux du site ;

Þ exploitation appropriée des prairies de fond de vallée : en limitant strictement les boisements artificiels, en évitant la fertilisation et en entretenant la ripisylve* et les berges par des techniques douces.

Þ maîtrise des activités touristiques et des loisirs nautiques générant des nuisances en période estivale. Pour la source du Lison, il est nécessaire d'organiser la fréquentation touristique et de respecter le caractère sauvage de ce site classé.

Pour ce qui concerne la gestion forestière, il est nécessaire d'entreprendre une cartographie des formations boisées visant à définir, en fonction de la nature des groupements végétaux et de leur valeur patrimoniale, les secteurs non exploitables, ceux devant faire l'objet d'une gestion particulière et ceux où une gestion ordinaire adaptée est suffisante.

L'importance des pelouses a été soulignée et pour leur maintien, une gestion appropriée doit s'organiser dans les directions suivantes :

Þ maintenir des pratiques agro-pastorales traditionnelles pour les secteurs proches ou inclus dans des îlots d'exploitation ;

Þ sur les pelouses marneuses pâturées, assurer une mise en défends* lorsque les sols sont détrempés ;

Þ surveiller l'évolution de l'embroussaillement afin d'intervenir si nécessaire ;

Þ éviter tout épandage d'engrais ou fumure ;

Þ pratiquer une fauche tardive dans les cas où l'entretien n'est pas assuré par les animaux.

Ces actions doivent normalement être conduites grâce à l'opération locale agriculture-environnement, actuellement mise en oeuvre.

Pour ce qui concerne la protection des chiroptères, le maintien durable de la colonie peut être assuré par le biais d'une convention avec le propriétaire des bâtiments.

Commentaires sur la délimitation
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