ZNIEFF 430007780
ROCHE SARRAZINE ET TOURBIÈRE DE MONTPETOT

(n° régional : 40000016)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Dans la Haute-Chaîne du Jura, la roche Sarrazine et la combe de Montpetot constituent un très bel ensemble paysager dont le caractère sauvage a été conservé. De la corniche de la falaise culminant à 1175 mètres, qui surplombe d’environ 100 mètres la tourbière située en contrebas, le panorama vers les reliefs de la Cluse-et-Mijoux est remarquable.

 

La paroi de la falaise est constituée de calcaires compacts d'âge Rauracien (Jurassique supérieur). La corniche, maintenant très embroussaillée, reste pauvre en espèces thermophiles. Elle est bordée d'une mince frange de pâturage riche en gentiane jaune et ponctuée d’arbres, donnant un faciès de pré-bois. Sur le plateau, les prairies de fauche et les pâturages mésophiles conduits de manière extensive restent bien typés.

 

Le faucon pèlerin niche régulièrement dans les anfractuosités de la Roche Sarrazine. Les parois escarpées constituent en effet le biotope de prédilection de ce rapace emblématique qui a failli disparaître en France et dont les effectifs restent réduits. La Franche-Comté constitue son principal bastion. Sous les escarpements, au cœur de la hêtraie enrichie en épicéas, une vaste étendue d'éboulis et de lapiaz est colonisée par l’érable sycomore et le frêne. Ces forêts de ravin, toujours localisées, présentent un intérêt élevé en Europe. Ce massif forestier bien préservé abrite la chouette de Tengmalm et le pic noir.

 

En fond de combe, la tourbière de Montpetot garde toute sa valeur malgré les extractions anciennes qui ont favorisé son boisement progressif. L’essentiel de la surface est occupée par un bas-marais alcalin à laîche de Davall et scirpe de Hudson, ponctué de dépressions et de chenaux à laîche des bourbiers et trèfle d’eau. La présence de quelques buttes de sphaignes témoigne de la dynamique active de turbification de cette tourbière relativement jeune. Une autre partie, plus évoluée, est boisée. Les habitats tourbeux sont ceinturés par des mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes), pâturages et prairies grasses (sous-association à colchique de la prairie humide eutrophe à trolle d’Europe et cirse des ruisseaux) au nord.

 

Les conditions particulières des milieux tourbeux entraînent la sélection d’un cortège floristique original, comportant quatre plantes protégées (en France ou dans la région) : la laîche des bourbiers, le rossolis à feuilles rondes, l'andromède à feuilles de polium, ainsi que le séneçon à feuilles en spatule. Dans les bois de conifères, on note également la présence de deux champignons rares, le cordiceps langue-de-serpent et le cordiceps capité, eux-mêmes parasites d’autres champignons.

 

Le cortège de papillons de jour est remarquable : il comprend notamment le solitaire des tourbières, protégé en France, et le cuivré écarlate, en régression.

 

STATUT DE PROTECTION

Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Complexe de la Cluse-et-Mijoux » et la falaise fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats du faucon pèlerin. En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 23/04/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Le principal objectif de préservation consiste à conserver un bon fonctionnement hydrique de la tourbière. De ce fait, toute opération de drainage ou d'assainissement dans le secteur est à proscrire. De même, il convient de stopper les plantations de résineux, telles que celles observées dans les prairies mésotrophes et des habitats tourbeux : contribuant à l’assèchement du haut-marais, elles tendent à accélérer le processus naturel d’évolution.

 

Les apports d'engrais, provoquant un enrichissement en éléments nutritifs, sont déconseillés dans les prairies environnantes (bande tampon). Dans le cas contraire, il s’ensuivrait un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore et à la faune très spécialisées des tourbières.

Commentaires sur la délimitation
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