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Commentaire général
Couvrant plus de 3 100 hectares, sur 17 communes du nord-est et de l’est de Besançon, la Forêt de Chailluz, coupée en son centre par l’autoroute A36, regroupe en fait plusieurs forêts communales au sein des Avant-Monts du Jura. D’un point de vue géomorphologique, le secteur est constitué d’une succession de plis, d’orientation générale nord-est / sud-ouest, séparant la vallée de l’Ognon (au nord) de la vallée du Doubs (au sud). Ces plis, plus ou moins marqués dans le paysage, sont constitués d’une alternance de calcaires durs du Jurassique moyen - dont un très bel affleurement est visible au Fort de la Dame Blanche - et d’interlits marneux. Les vastes plans calcaires présentent de nombreux témoins de surface du système karstique, dolines et lapiaz en premier lieu.
Ce vaste massif boisé recèle un grand nombre de communautés végétales, dominées par la hêtraie-chênaie-charmaie, variant en fonction des caractéristiques écologiques locales. Les affleurements rocheux traduits par les lapiaz voient le hêtre se raréfier alors qu’il devient dominant sur les placages de limons à chailles en certaines localités, d’où la présence d’une chênaie-hêtraie acidiphile.
Les versants les plus marqués sont le siège de combinaisons originales. Les conditions fraîches et ombragées de l’ubac, favorables à la présence du polystic à frondes soyeuses, protégée en Franche-Comté, conviennent parfaitement à l’installation de l’érablaie à scolopendre sur les éboulis grossiers et mal stabilisés et, sur des éléments plus fins, de la hêtraie à tilleul. La partie inférieure, plus riche, accueille une chênaie à nivéole, une chênaie-charmaie à ail des ours ou marnicole. A l’opposé, les conditions d’adret et les sols peu profonds et caillouteux sont favorables à la chênaie-hêtraie thermophile où fragon, iris fétide et laîche appauvrie apparaissent dans le cortège floristique. Certains hauts de versants accueillent très ponctuellement un fin liséré de chênaie pubescente, mais assez peu typée ici. À l’est du massif, le ruisseau de la Combe à l’Eau, dont la qualité des eaux est optimale, rejoint une zone humide (forêt et prairie) intéressante.
Le cortège des oiseaux est intéressant à plus d’un titre puisque plus d’une quarantaine d’espèces a été recensée. Milan royal et pics ont élu domicile dans ce grand massif, traduisant ainsi une certaine naturalité de la végétation forestière, notamment au nord de l’autoroute. Le faucon pèlerin niche régulièrement dans la falaise du Fort de la Dame Blanche.
Des clairières où prairies, pelouses et ourlets ont pu subsister, ponctuent le massif. C’est le domaine de nombreux papillons dont certains peu fréquents dans la région comme les hespéries de la sanguisorbe et de la mauve, taxon désigné comme prioritaire pour la conservation des insectes en Franche-Comté.
Statut de protection
Deux mesures de protection réglementaire sont mises en place localement dans le site : arrêtés de protection de biotope pour les oiseaux rupestres et le grand duc (14.01.2010) et pour l’écrevisse à pattes blanches (19.08.2009). La présence d’une espèce végétale protégée au niveau régional et d’animaux protégés en France implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels du 21.07.1983, 22.06.1992, 19.11.2007 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
La forêt de Chailluz est bien connue de la population de l’agglomération bisontine. Nombreux en sont les accès, les cheminements et autres parcours de santé, notamment dans la partie au sud de l’autoroute.
Afin de conserver les caractéristiques biologiques et le bon équilibre écologique de ce site, il paraît souhaitable de limiter l’extension des plantations monospécifiques, de garantir les abords des aires de nidification des oiseaux rupestres et des ruisseaux à écrevisses. L’interdiction de tous travaux et interventions visant à dégrader le biotope de ces espèces et de celles qui les accompagnent sont à observer avec attention.
