ZNIEFF 430007798
COMBE DE L'OEIL DE BOEUF

(n° régional : 38000004)

Commentaires généraux

Description

 

Le ruisseau de la Cude est un petit affluent du Doubs en rive droite, d’une longueur de deux kilomètres. La Combe de l’Œil de Bœuf correspond à la partie encaissée et boisée de son cours, profondément incisée dans le plateau calcaire du Jurassique moyen (Bathonien et Bajocien). Dans ce contexte confiné, cette vallée est marquée par la présence de plusieurs sources et suintements.

 

Le contexte régional karstique est marqué à la fois par la faible extension des circulations d’eau de surface et un réseau souterrain très développé. Au cours de leur parcours souterrain, les eaux se chargent en ions calcium et en carbonates. A leur sortie (exurgence), sous l’effet des remous du cours d’eau, il se produit un dégagement de dioxyde de carbone et une précipitation de carbonate de calcium sous forme de calcaire massif. Ces dépôts sont appelés « tuf » ou « travertins ». Ils peuvent former des cônes ou des manteaux au niveau de cascades. Certains végétaux (algues, mousses des genres Cratoneuron et Eucladium, par exemple, strictement inféodées à ce type de milieu) participent activement à la précipitation du calcaire et accélèrent le processus au travers de l’activité photosynthétique. Ce phénomène est particulièrement bien marqué sur le cours de la Cude, dont le lit est colmaté par du tuf actif. Une grande cascade à manteau tufeux volumineux et une succession de cascatelles confèrent à ce site un remarquable attrait paysager. En outre, ces formations revêtent une grande valeur sur le plan écologique.

 

Ainsi, ce site recèle une flore originale, adaptée aux conditions de confinement : les mousses et fougères hygrosciaphiles (supportant l’ombrage et un fort taux d’humidité permanent) sont particulièrement bien représentées. Le cynoglosse d’Allemagne, plante croissant sur des sols riches et humides en pied de falaise était recensé. Il semble toutefois avoir disparu du site. De plus, cet ensemble présente un réel intérêt archéologique (abris sous-roche).

 

Sur les fortes pentes, l’érablaie à scolopendre présente une belle extension. Ce type de forêt d’intérêt communautaire se développe sur des éboulis grossiers, en conditions d’exposition froide. Les falaises sont colonisées par une végétation pionnière très spécialisée et clairsemée. La hêtraie de plateau est développée jusqu’en rebord de corniche.

 

Pour la faune, on notera la présence du cincle plongeur, passereau des ruisseaux à eaux vives, où il plonge à la recherche des invertébrés qui composent sa nourriture.

 

D'un point de vue entomologique, cette zone est couverte par un milieu forestier peu favorable au développement d'espèces patrimoniales dans les trois groupes d'insectes inventoriés (rhopalocères, odonates et orthoptères). La prospection du cours d'eau n'a pas permis d'identifier la présence d'espèce d'odonate patrimoniale. En ce qui concerne la gestion des milieux, il serait intéressant de réaliser un traitement forestier qui aura pour but de créer une petite clairière dans la pente exposée plein sud afin de diversifier le milieu. L'état de conservation du peuplement d'insectes est moyen.

En 2016, Cynoglossum germanicum n'avait pas été revu mais quelques pipeds ont pu être localisés à 50 m de la station initiale qui fait 'lobjet d'améngements importants : foyers récents, tassement important du sol au pied de la falaise, au niveua de l'abri sous roche. Le site est visibleemnt occupé régulièrement par des campeurs.

 

 

Statut de protection

 

La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallées du Dessoubre, de la Reverotte et du Doubs ». En outre, la présence d’une espèce protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 29/10/09).

 

Objectifs de préservation

 

Puisqu’ils ne subissent pas l'influence d'éventuelles activités se situant en amont, les ruisseaux de tête de bassin de Franche-Comté devraient présenter une qualité d’eau optimale. Toutefois, les spécificités des systèmes karstiques accentuent les risques d’altération, puisque des eaux polluées peuvent resurgir à distance après une circulation souterraine, sans filtration par le substrat. Or, ces habitats sont particulièrement sensibles à toute dégradation et les groupements tuficoles risquent d’en être affectés. C’est ce qui est constaté sur ce site et se manifeste par des proliférations d’algues. De plus, l’existence d’une station de pompage (source captée) est susceptible d’accentuer ce phénomène en influant négativement sur les débits. En ce sens, il est impératif de maintenir un débit réservé et de ne pas augmenter le volume prélevé. En outre, tout dépôt de quelque nature que ce soit doit être proscrit aux alentours.

 

Du fait de la géomorphologie, les habitats des versants sont essentiellement soumis à la dynamique naturelle de succession écologique. Les forêts de pente ne sont pas exploitées du fait de leur inaccessibilité, ce qui rehausse leur valeur sur le plan écologique.

Commentaires sur la délimitation
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