DESCRIPTION
Dominant le val de Morteau, les Roches du Cerf appartiennent à la structure anticlinale qui marque la frontière avec la Suisse et se poursuit par le Mont Gaudichot au nord. Culminant à une altitude de 1175 mètres, elles constituent un beau linéaire d’escarpements rocheux ravinés par l’érosion. Sur cet à-pic, les différentes couches géologiques (calcaires durs du Jurassique supérieur), très redressées, affleurent sous forme de marches successives. Le bas de pente est couvert d'un manteau d'éboulis plus ou moins stabilisé. Cette falaise, entaillée par différents rus donnant naissance au Théverot, domine d'une centaine de mètres la combe marneuse creusée en contrebas dans des terrains plus tendres.
Du fait de sa géomorphologie, la zone des Roches du Cerf et du bois de Charopey se démarque par des habitats très contrastés : des forêts froides d'altitude s’étendent sur les secteurs mal exposés, alors qu’à l’opposé des milieux thermo-xérophiles apparaissent sur le versant ensoleillé (exposition sud-est).
En situation froide, la forêt d'altitude à résineux se décline en plusieurs groupements répartis en mosaïque. Certains d'entre eux présentent un intérêt biogéographique élevé, du fait de la présence de plusieurs formations ou de plantes en limite d'aire de répartition :
la hêtraie-sapinière, située sur les versants de pente moyenne, constitue le stade climacique de l'étage montagnard. Le sapin pectiné forme la base du peuplement arboré. La strate herbacée recèle des espèces typiquement montagnardes comme le séneçon hercynien ou l'aconit napel ;
une variante à adénostyle de la hêtraie-sapinière se développe dans les revers froids. La strate herbacée, assez exubérante, abrite des plantes de grande taille des mégaphorbiaies (formations humides à hautes herbes des sols eutrophes), telles que l'adénostyle à feuilles d’alliaire ou le streptope à feuilles embrassantes (protégé au plan régional). Plusieurs espèces subalpines en limite de distribution altitudinale témoignent du caractère froid très marqué de cet ensemble.
dans ces conditions, les souches de résineux en décomposition disséminées dans les combes à neige sont colonisées par Buxbaumia viridis, mousse rarissime, vulnérable et d’intérêt européen ;
enfin, une sapinière à grande prêle se développe sur les sols marneux imperméables. Ce groupement hygrophile bien caractérisé est assez rare et très localisé dans le massif jurassien.
Sur les Roches du Cerf, une végétation de pelouses et de landes thermophiles colonise les corniches et les escarpements rocheux orientés au sud. L’aster des Alpes se maintient dans ces lambeaux de pelouses ; cette plante rare, protégée dans la région, n’y est connue que dans deux stations. L'apollon, papillon protégé, vit également en ces lieux.
Enfin, ce site accidenté, soustrait à toute voie de communication et proche des massifs forestiers suisses, s'enrichit d'une faune remarquable : chouette de Tengmalm, faucon pèlerin ou encore lynx. Le lézard des murailles atteint dans cette station sa limite altitudinale en Franche-Comté.
STATUT DE PROTECTION
Les Roches du Cerf font l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en date du 19/04/85 en vue de la protection des habitats du faucon pèlerin. En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les difficultés d’accès à ce site contribuent au maintien d’un bon état écologique. La conservation de la population de Buxbaumia viridis passe notamment par la préservation de vieilles forêts semi-naturelles résineuses ou mixtes, dans lesquelles une quantité importante de biomasse ligneuse en décomposition est laissée au sol.
Enfin, il convient tout particulièrement d'éviter tout dérangement aux oiseaux rupestres, afin de leur assurer la plus grande tranquillité lors de la période de nidification.