ZNIEFF 430007823
PLAINE ALLUVIALE DU DOUBS A MORTEAU

(n° régional : 46000022)

Commentaires généraux

Description

 

Du débouché du Défilé d’Entreroche jusqu’en amont du lac de Chaillexon, la plaine alluviale du Doubs à Morteau englobe un tronçon du Doubs d’environ 15 kilomètres, ainsi que deux de ses affluents (une portion du cours du Théverot et la Tanche).

 

Dans sa partie la plus large (jusqu’à 1 kilomètre), la plaine correspond au paléo-lac de Morteau, né il y a environ 12000 ans, suite à l’éboulement des versants au niveau du Saut du Doubs. Ce lac s’est progressivement comblé au fil des millénaires avec l’apport de sédiments par la rivière. Il en subsiste un aperçu lorsque les crues hivernales entraînent l’inondation du val. Le Doubs y décrit des boucles irrégulières. Des dépressions humides marquent l’existence d'anciens méandres, notamment au lieu-dit les Seignes.

 

Cette configuration géomorphologique est à l’origine de l’implantation de formations herbacées diversifiées. Les prairies humides, majoritaires sur le site, sont surtout exploitées par fauche intensive. La gamme des habitats comprend aussi des prés humides pâturés montagnards à cirse des marais et jonc diffus (communautés acidiclines peu enrichies sur sol tourbeux à paratourbeux), et encore des roselières à prêle, des formations de grandes laîches, des prairies de transition à hautes herbes et des mégaphorbiaies. Ces dernières dérivent des prairies en l’absence d’entretien (secteurs en déprise). La zone est parcourue par un réseau de fossés largement eutrophisés. Sur des terrains topographiquement plus élevés, on retrouve des prés montagnards mésophiles fauchés ou pâturés.

 

Les formations boisées restent minoritaires. Des galeries d’aulnes blanchâtres soulignent les bords de ces rivières à cours rapide. Ces boisements alluviaux submontagnards, subissant des crues perturbatrices, restent très localisés et méconnus dans la région.

 

La valeur botanique de cet ensemble alluvial est remarquable. On recense des plantes typiques, adaptées aux inondations périodiques, dont quatre taxons protégés en France ou dans la région (œillet superbe, polémoine bleue, laîche en touffe et fritillaire pintade), ainsi qu’une mousse vulnérable en Europe (Hamatocaulis vernicosus).

 

Ce vaste secteur ouvert constitue un lieu d’accueil privilégié pour une avifaune rare et en régression : le tarier des prés et le râle des genêts (particulièrement menacé) sont présents en période de nidification. La bécassine des marais, toutefois, n’y a pas été revue récemment. Les prairies humides à hautes herbes hébergent le cuivré des marais, papillon de jour protégé en France.

 

Enfin, sur le plan piscicole, les cours d’eau relèvent de la zone à truite et certains secteurs longuement inondables constituent des frayères à brochet.

 

Statut de protection

 

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 8/12/88, 22/06/92, 23/04/07 et 29/10/09).

 

Objectifs de préservation

 

Ce vaste ensemble de zones humides joue un rôle d’espace tampon dans la plaine alluviale, assurant des fonctions d’amélioration de la qualité de l’eau, de régulation du débit et de limitation de l’érosion.

 

De nombreuses menaces pèsent sur cette vallée. Or, sa préservation durable est liée au bon fonctionnement hydrologique et à l’intégrité des milieux. Par conséquent, toute opération de creusement d'étangs, de drainage ou de comblement est à proscrire. Il est également essentiel de conserver la vocation prairiale de cette zone, tout en encourageant des pratiques agricoles plus extensives (fauches plus tardives et limitation des amendements). Il convient aussi de contrôler la colonisation des mégaphorbiaies par les saules, afin de ne conserver que quelques buissons épars. De plus, l’extension des plantations est à éviter impérativement.

 

Enfin, la divagation de chiens hors des chemins peut représenter une réelle source de dérangement pour la faune.

Commentaires sur la délimitation
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