DESCRIPTION
En aval du lac Saint-Point, le Doubs se faufile dans le défilé de la Cluse-et-Mijoux. Cette cluse complexe, l’une des plus belles du massif Jurassien, ouvre une brèche spectaculaire, liée au décrochement de Pontarlier, dans les calcaires du Jurassique supérieur de la voûte anticlinale du Larmont. Dans ce contexte, le fort Mahler fait face au château de Joux. La zone inclut également le versant d’exposition sud-est de l’anticlinal du Larmont. La roche affleure largement, notamment dans la partie ouest du site.
Sur cette belle surface, les habitats secs sont dominants. Certains revêtent une grande valeur écologique :
- les falaises, les corniches, les vires et les éboulis abritent des groupements très spécialisés, notamment des pelouses thermophiles montagnardes ;
- des prairies et pelouses pâturées et fauchées surplombent la RD67 et s'étendent au pied du Fort Mahler : pelouses mésophiles pâturées montagnardes à gentiane printanière et brome dressé ou à koelérie pyramidale et seslérie (celle-ci apparaissant à la faveur de conditions plus sèches). Sur les replats plus accessibles, ces formations sont relayées par un pré pâturé montagnard mésotrophe à gentiane jaune et crételle, lequel dérive vers une association à alchémille et crételle (de moindre intérêt) en cas d’eutrophisation ;
- les hêtraies à dentaires sont bien représentées au dessus du Fort Mahler. Ces peuplements quasi purs jouent un rôle fondamental dans la protection des sols et sur le plan paysager. Des hêtraies-sapinières dominées par l'épicéa, plus banales, complètent le peuplement forestier. Sur l'ensemble du site, des cordons boisés créent un véritable réseau écologique pour la faune sauvage.
On relève également des habitats humides, liés au ruisseau de la Morte qui longe le périmètre de la zone à l’est : prairies humides, mégaphorbiaies, roselières, boisements humides et marécageux.
La flore associée à ces habitats comprend plusieurs éléments remarquables : la gentiane de Clusius (protégée dans la région), ainsi que la scrofulaire du Jura, la germandrée petit-chêne et la gentiane croisette. Cette dernière est particulièrement intéressante en tant que plante-hôte de la chenille de l’azuré de la croisette. Ce papillon diurne protégé en France, en régression, fait l’objet d’un programme régional de conservation. Les pelouses très sèches hébergent un autre papillon emblématique, l’apollon, également protégé. Enfin, les falaises et escarpements rocheux sont favorables à l’accueil d’oiseaux rupestres.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Complexe de la Cluse-et-Mijoux » et fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats du faucon pèlerin. En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09, 22/06/92 et 23/04/07). Enfin, cette zone est incluse dans le périmètre du site inscrit « Montagne du Larmont à la Cluse-et-Mijoux ».
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Deux menaces principales touchent ces pelouses et pâtures mésophiles. D’une part, l’abandon des pratiques agro-pastorales se traduit par un enfrichement. Plusieurs pelouses situées sur les pentes de la Cluse et au sud-ouest du Fort Mahler, peu ou pas pâturées, sont concernées (présence de chamois uniquement). A l'inverse, la fertilisation, et plus encore le broyage des cailloux, en lien avec une intensification de l’exploitation, conduisent à une banalisation de la flore et des habitats. Ainsi, plusieurs mesures de gestion sont préconisées :
- défrichement mécanique des secteurs en cours de fermeture, en portant une attention particulière aux pelouses à gentiane croisette ;
- arrêt des apports d'engrais ;
- rétablissement d'un pâturage extensif dans les secteurs en déprise. Des moutons seraient appropriés sur les fortes pentes ;
- interdiction de l'usage du « casse-cailloux » sur l'ensemble du site.