DESCRIPTION
Au sud-ouest de Rurey, le Saut de la Pucelle surplombe de plusieurs dizaines de mètres la vallée de la Loue, qui vient tout juste de recevoir les eaux du Lison en amont. Sous forme d'une bordure de plateau aux pentes abruptes, ce site essentiellement forestier est surligné par des falaises calcaires constituant un très bel ensemble paysager, caractéristique de la partie jurassienne de la Franche-Comté.
D'une manière générale, les parois présentent un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. L'ampleur des contrastes hydriques et thermiques sélectionnent en effet les espèces les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques de ces milieux, dont de nombreuses plantes méditerranéo-montagnardes. Ces végétaux investissent les anfractuosités, généralement de petite taille, où est parvenue à s'accumuler de la terre fine constituée d'éléments provenant de l'altération de la roche et de matières organiques issus des espèces pionnières (mousses et lichens). Au Saut de la Pucelle, les très grosses fissures permettent au lierre de couvrir de vastes surfaces sur la paroi et offrent à l'if un refuge appréciable, puisqu'en dehors de ces endroits inaccessibles, cette essence a fait l'objet d'une suppression systématique depuis des siècles du fait de sa vive toxicité à l'égard du bétail et de sa qualité pour l'ébénisterie.
L'érosion de la falaise calcaire du Saut de la Pucelle, productrice de nombreuses cavités naturelles et corniches, procure au grand corbeau et au faucon pèlerin les vires rocheuses dont ils ont besoin pour nicher. Ce dernier oiseau, aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, a pourtant bien failli disparaître en France dans les années 1970. Notons par ailleurs que les vallées de la Loue et du Lison présentent les plus fortes densités franc-comtoises de ce rapace rupestre. L'intérêt ornithologique de ce site est par ailleurs vivement renforcé par la nidification récente et unique pour la vallée de la Loue du harle bièvre dans des anfractuosités de rocher, un oiseau d'eau d'Europe du Nord.
Plus globalement, la forêt est la formation la plus recouvrante sur les versants du Saut de la Pucelle. En situation de pente, cette formation se décline en plusieurs types selon le substrat et l'exposition. Les sols colluviaux en contrebas des falaises sont colonisés par l'érablaie à scolopendre sur les éboulis grossiers et instables, dans des stations particulièrement confinées. Les situations moins accidentées sont le domaine de la hêtraie-chênaie neutrophile à aspérule et de la hêtraie sèche calcicole en contexte plus ensoleillé. Sur le plateau, les pentes légères accueillent une hêtraie-chênaie à tendance acide au sous-bois de ronce, qui s'interrompt brusquement au niveau de la corniche pour laisser la place à un liseré discontinu de chênaie buissonnante dominée par le chêne sessile, l'érable à feuilles d'obier et l'alisier blanc qui adoptent des formes tortueuses en raisons des conditions hydriques sévères.
STATUT DE PROTECTION
La tranquillité du faucon pèlerin est assurée pendant la période de nidification par un arrêté préfectoral de protection de biotope qui protège la falaise. Les pratiques de l'escalade, du delta-plane et du vol libre y sont ainsi interdites du 15 février au 15 juin, de même que les travaux d'équipement forestier et routier dans une zone de 200 m au pied des falaises et de 50 m en retrait de leur sommet. Par ailleurs, la présence d'autres espèces d'oiseau protégées par l'arrêté ministériel du 17.04.81 assure aussi indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
Hormis le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre, la principale mesure de conservation est de maintenir en l'état la végétation développée sur la corniche. Les faibles potentialités forestières de ce groupement en matière d'exploitation économique plaident en faveur d'une gestion jardinatoire ou pied à pied, voire même d'un abandon de l'exploitation.