Commentaire général
Situées au centre du département du Doubs, les communes de Charmoille et Rosureux font partie de l’interface entre les premiers plateaux du Doubs et la vallée du Dessoubre, à une altitude moyenne variant de 430 mètres au fond de la vallée à près de 725 mètres sur le plateau. L’alternance de roches dures (calcaires) et de roches tendres (marnes) du Jurassique supérieur a façonné le paysage, laissant apparaître, sur les flancs de la vallée, de belles parois rocheuses surplombant des versants recouverts le plus souvent de formations d’éboulis de plus ou moins gros calibre. Le site d’Hauteroche est justement un témoin de ce modelé assez typique de la vallée du Dessoubre.
Les parois, selon l’exposition, présentent des milieux différents. En exposition d’adret, c’est une végétation composée d’espèces affectionnant le fort ensoleillement et la chaleur qui colonise les moindres anfractuosités (Potentillo caulescentis - Hieracietum humilis). Au contraire, les parois plus ombragées, exposées plutôt à l’est, sont le refuge de plantes moins exigeantes en lumière. Leur partie inférieure, baignant dans une ambiance relativement fraîche, accueille fougères et mousses, comme Gymnocarpium robertianum ou Tortella nitida, cette dernière protégée en Franche-Comté. Dans le haut des parois se sont installées des pelouses sèches de bord de corniche (Coronillo vaginalis - Caricetum humilis) abritant la coronille couronnée, protégée en Franche-Comté, l’amélanchier à feuilles ovales et le silène des glaciers. Les éboulis, nombreux sur les versants, accueillent une communauté végétale à galéopsis à feuilles étroites (Galeopsietum angustifoliae), quand ils ne sont pas progressivement gagnés par des fourrés arbustifs plus ou moins denses.
Deux espèces de champignons assez rares, l’hygrophore immuable et l’hygrophore à spores subglobuleuses, ont été observées sur le site.
La faune n’est pas en reste sur ce site qui accueille diverses espèces d’oiseaux dont le faucon pèlerin qui a trouvé refuge dans ces grandes parois verticales. Pics, milans et autres espèces sont également des hôtes réguliers dans l’ensemble du site.
Les pelouses entremêlées d’arbustes offrent des conditions idéales au grand nègre des bois, papillon inscrit sur la liste rouge des insectes menacés en Franche-Comté, tout comme le tabac d’Espagne.
Statut de protection
Un arrêté préfectoral de protection de biotope est quasi superposé au périmètre de la ZNIEFF. Il s’agit de l’arrêté du 14 janvier 2010 pour les oiseaux rupestres et le grand duc. Cependant, la présence de deux espèces végétales protégées au niveau régional et de plusieurs espèces animales protégées en France implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels du 22.06.1992 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Actuellement, peu de menaces affectent ce site. Un chemin de randonnée, permettant l’accès au belvédère d’Hauteroche, et un chemin provenant du village, risquent d’inquiéter le repos des oiseaux protégés par l’arrêté de protection de biotope, entre février et juin, au moment de la nidification. Une autre menace concerne la dynamique naturelle de la végétation. L’apparition de buissons de plus en plus denses, dans les pelouses, entraîne la fermeture de ces milieux ouverts, pourtant favorables à un certain nombre d’espèces d’insectes.
Des mesures visant à prévenir le public de toute intrusion dans les parages des nids à l’époque de la nidification seraient judicieuses : sentier canalisant le public, panneaux d’information… Afin de contenir l’embuissonnement, des mesures de défrichement manuel, de façon plus ou moins espacée dans le temps, permettraient de sauvegarder ces milieux de grand intérêt patrimonial que sont les pelouses en même temps que la faune et la flore qu’elles abritent.