ZNIEFF 430007856
ROCHERS DE LA LOUVIERE, DU BIAIS ET DU RECHANDET

(n° régional : 33207012)

Commentaires généraux

Entre Hyèvre-Paroisse et Deluz, l'incrustation du Doubs dans le faisceau bisontin rend le relief presque montagneux, avec des crêts, des monts et des cluses. En bordure des premiers plateaux, le Rocher de la Louvière et la Roche du Biais dominent d'une centaine de mètres le village d'Ougney-les-Champs. Ce site réunit un ensemble de milieux caractéristiques de la partie jurassienne de la Franche-Comté, organisé autour de falaises calcaires fragmentées et de pentes forestières abruptes.

Les parois verticales de ce versant exposé au nord-ouest présentent un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. L'ampleur des contrastes hydriques et thermiques sélectionnent en effet les espèces les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques de ces milieux, dont de nombreuses plantes méditerranéo-montagnardes. Le caractère exceptionnel des deux principaux promontoires rocheux de ce site réside dans la présence de la saxifrage musquée, dont il s'agit de l'unique localité en Franche-Comté. Se trouvant ici en situation abyssale, cette plante subalpine ne se rencontre ailleurs que sur les sommets de la haute chaîne du Jura méridional. Par ailleurs, l'inaccessibilité de ces habitats rupestres fournit au faucon pèlerin des sites de nidification privilégiés. Ce rapace, aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, a pourtant bien failli disparaître en France dans les années 1970.

En contact avec la végétation des falaises, la pelouse xérophile à œillet de Grenoble et fétuque des rochers se présente comme un gazon ras et épars développé sur les rebords de corniche. Cette association, rare dans la région, est connue surtout dans les vallées du Doubs, du Dessoubre et de la Loue. A la fin du printemps, la floraison de l'œillet de Grenoble, rare et protégé en Franche-Comté demeure un spectacle magnifique. En contrebas des falaises, des éboulis actifs accueillent une végétation originale, adaptée à l'instabilité du substrat. Il s'agit d'une association thermophile à rumex à écussons et scrophulaire de Hoppe, bordé d'une fruticée à tamier et coudrier.

Envahissante dans la moyenne vallée du Doubs, la forêt se rencontre jusque dans les stations les plus accidentées. Les futaies de hêtre de la partie sommitale et des pentes, relevant de la hêtraie-chênaie à aspérule odorante, évoluent en hêtraie thermocalcicole à proximité des corniches, sous forme de peuplements rabougris d'alisiers blancs, d'érables à feuilles d'obier, de hêtres et parfois de chênes pubescents. En situation confinée, l'érablaie à scolopendre s'accommode parfaitement des blocs instables issus de l'ablation des parois. Outre leur intérêt communautaire, toutes ces formations constituent un refuge pour de nombreuses espèces. L'inaccessibilité des pentes les plus fortes favorise en effet la conservation d'arbres morts pour des communautés animales et végétales étroitement liées à cette ressource, beaucoup plus rare dans les forêts exploitées, et offre des zones de quiétude aux mammifères forestiers et aux espèces avicoles telles que le pic cendré.

 

STATUT DE PROTECTION

Les falaises sont protégées par l'arrêté préfectoral du 19.04.85 en vue de la sauvegarde du faucon pèlerin. En outre, la présence d'une plante protégée régionalement par l'arrêté du 22.06.92 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de cette espèce et de son milieu.

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

Hormis le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre en période de nidification, la gestion conservatoire de ce site consiste à veiller scrupuleusement au maintien des pelouses de corniche et à poursuivre une exploitation forestière respectueuse de la haute valeur patrimoniale des groupements en place. Notons que la spécificité de ces forêts plaide en faveur d'une gestion jardinatoire par bouquets ou pied à pied, voire même d'un abandon de l'exploitation pour les peuplements à faible potentialité.

 

Commentaires sur la délimitation
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