COMMENTAIRE GENERAL
À l’est du département du Doubs, la rivière du même nom fait office de frontière naturelle avec la Suisse avant de s’écouler transversalement pour rejoindre le Dessoubre à Saint-Hippolyte. Durant ce trajet, le Doubs s’écoule dans une vallée encadrée de versants très marqués, surmontés le plus souvent de corniches, constitués de calcaires durs du Jurassique moyen et supérieur et soumis au phénomène karstique. Après la zone de confluence Doubs / Dessoubre, la vallée s’élargit quelque peu et les pentes s’allongent. Mais leur escarpement reste sensible dans le paysage et les versants sont encore souvent limités, vers le haut, par de belles corniches calcaires.
Les falaises du Mont, sur la commune de Saint-Hippolyte, en sont un bel exemple, en rive droite du Doubs, sur un versant exposé sud à sud-est où l’altitude varie de 560 à 660 m environ. Plusieurs communautés végétales se sont établies sur les versants de même que sur les corniches et le plateau qui leur est contigu.
La hêtraie neutrophile à aspérule odorante s’établit sur des sols moyennement profonds, souvent riches en éléments minéraux, sur le plateau ou en bas des pentes où elle s’enrichit alors d’espèces nitratophiles. Elle abrite d’ailleurs une espèce rare en Franche-Comté, potentiellement menacée et donc à surveiller : le cynoglosse d’Allemagne.
Généralement, le bord de la corniche où les contraintes environnementales sont liées à l’exposition au soleil et au vent, ainsi qu’à la mince couche d’un sol caillouteux, est souligné d’un fin liséré de chênaie pubescente. La moitié supérieure des versants bien exposés est le domaine d’autres forêts thermophiles. Sur les éboulis grossiers, provenant des dérochoirs soulignant le haut de la pente, s’installe une tillaie-érablaie. Puis, lorsque les éléments grossiers voient leur taille diminuer, c’est la hêtraie thermocalcicole qui prend le relais.
Sur l’extrême bordure des corniches, là où les contraintes sont les plus fortes, les arbres éprouvent de grandes difficultés à s’installer. Le tapis végétal est alors constitué de petites pelouses sèches où se côtoient les germandrées petit-chêne et des montagnes, le phalangère rameux, le buplèvre en faux…, et de groupements pionniers de dalles rocheuses, à orpins. Entre ces milieux ouverts et la forêt s’établissent des ourlets arbustifs thermophiles à amélanchier à feuilles rondes, alisier blanc et nerprun des Alpes.
La roche verticale qui forme la falaise n’est pas totalement dépourvue de végétation. Les petites anfractuosités du rocher sont colonisées par quelques plantes, qui s’associent pour former une communauté végétale relevant du Potentillion caulescentis ou, dans la partie basse, ombragée par la forêt, relevant du Violo – Cystopteridion.
Parmi les espèces animales qui fréquentent ce site, le faucon pèlerin reste une espèce assez emblématique de cette vallée.
STATUT DE PROTECTION
Les Falaises du Mont sont intégrées au réseau Natura 2000 « Vallées du Dessoubre, de la Reverotte et du Doubs ». Un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope des « Corniches calcaires du département du Doubs » du 14.01.10 protège le faucon pèlerin, son habitat et les espèces qui leur sont associées.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les principales menaces qui pèsent aujourd’hui sur le site des falaises du Mont sont essentiellement dues à la fréquentation touristique et aux travaux forestiers. Un sentier de randonnée passe juste au-dessus du site. L’escalade peut être pratiquée dans ce type de milieu rocheux. Afin de maintenir ce site de grand intérêt patrimonial, il serait opportun de maîtriser la fréquentation touristique, aussi bien pour la pérennité d’espèces comme le faucon pèlerin que pour les habitats liés à la falaise. La gestion forestière sera menée en respectant le peuplement en place et en limitant les interventions lourdes dans ses secteurs de pentes, milieux relativement sensibles à l’érosion.