Commentaire général
Le site du Cul de Vau, de plus de 130 hectares, sur les communes de Belleherbe et Vauclusotte, se présente tout d’abord comme une reculée, donnant naissance au Bief de Vau qui, enrichi par les eaux de plusieurs autres rus, conflue avec le Dessoubre, en rive gauche, au sud de Vauclusotte. Il se divise ensuite en multiples digitations, correspondant chacune à la vallée d’un ruisseau. Compte tenu de ces particularités physiques, le relief y est diversifié, alternant versants marqués, pentes douces et vallées étroites à fond plat, dont l’altitude oscille entre 420 et 700 mètres. Si les calcaires durs du Jurassique moyen forment l’essentiel du socle des versants, parfois recouverts d’éboulis, ce sont au contraire des formations géologiques plus tendres et imperméables (marno-calcaires) qui correspondent aux bas des pentes et aux fonds de vallées.
La richesse du patrimoine naturel trouve son origine dans la diversité de la végétation et de la faune. Les fonds des vallées sont le siège de nombreux ruisseaux, à l’eau de bonne qualité puisque la truite ou l’écrevisse à pattes blanches y ont élu domicile. En amont, ces rus sont bordés soit par la frênaie-érablaie, soit par des saulaies arbustives. En aval, lorsque la vallée s’élargit, les prairies de fauche et les pâturages forment l’essentiel de la végétation environnante dans laquelle on peut croiser le tarier des prés. Quelques étangs, coupant le lit du Bief de Vau, attestent de l’imperméabilité du substrat. Les versants les plus accidentés sont soulignés, dans leur partie supérieure, par de grandes barres rocheuses où se sont installées des communautés végétales particulièrement bien adaptées à des conditions contraignantes : substrat inerte, peu de terre fine, exposition très ensoleillée ou au contraire ombragée et fraîche, accueillant des groupements à cystoptéride fragile… Un fin liséré de pelouses sèches, où est présente la délicate saxifrage paniculée, inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en Franche-Comté (préoccupation mineure), souligne le bord des corniches. En contrebas des parois se sont établis de grands éboulis, siège de l’érablaie à scolopendre (en ubac) ou de la tillaie à érables (en adret). Lorsque l’éboulis se fait plus fin, la hêtraie à tilleul ou les hêtraies thermophiles prennent le relais. Lorsque le relief s’adoucit, la hêtraie neutrophile à aspérule occupe le terrain forestier, parfois remplacée par des plantations monospécifiques d’épicéas.
De nombreux oiseaux rupestres trouvent, dans ces grandes parois calcaires, des conditions favorables pour la nidification et la recherche de proies. Ainsi, faucon pèlerin, grand corbeau, grand duc, milan royal… sont des hôtes privilégiés du Cul de Vau. Le tarier des prés affectionne les prairies « à Rancenière ». Le chat sauvage trouve également un accueil favorable.
Statut de protection
Deux arrêtés préfectoraux de protection de biotope concernent la faune (14.01.2010 pour les oiseaux rupestres et le grand duc et 19.08.2009 pour l’écrevisse à pattes blanches). D’autre part, la présence d’espèces animales protégées en France implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels du 21.07.1983, 23.04.2007 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Le piétinement dû à la fréquentation du public, que ce soit dans la reculée ou sur les belvédères, l’enfrichement progressif des pelouses et l’augmentation des plantations monospécifiques de résineux sont les principales menaces sur ce site.
Afin de conserver ce qu’il subsiste de la pelouse thermophile en bord de corniche et de restaurer l’ensemble du site, il paraît judicieux de contenir l’enfrichement par des actions manuelles et de limiter considérablement l’enrésinement. Enfin, on veillera à contenir le public dans des limites qui permettront de respecter ce site et les milieux naturels qui le composent.