Description
A Montursin, dominant la haute vallée du Doubs en rive droite, deux secteurs de falaises continentales constituent de beaux linéaires bien exposés au sud-ouest. Ces parois verticales entaillent les strates de calcaires massifs du Bajocien et du Bathonien (Jurassique supérieur).
En rebord de corniche, la forêt de plateau laisse place à un fin liseré de pelouse xérothermophile (très sèche). L’association représentée ici, caractérisée par la laîche humble et la coronille engainante, est localisée sur les corniches, vires et terrasses des parois de calcaire compact à l’étage montagnard. Cette formation rase s’installe à la faveur de conditions particulières (sols squelettiques, réserves en eau limitées, pauvreté en éléments nutritifs, fort ensoleillement). Elle se dispose en mosaïque avec des groupements plus évolués, comme des ourlets forestiers thermophiles et des fourrés à cerisier de Sainte-Lucie. Les parois hébergent une végétation très clairsemée dite « chasmophytique » qui s’installe à la faveur des moindres fissures de la roche ; elle relève ici de l’association à potentille caulescente. Ces falaises présentent un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. Les contrastes hydriques et thermiques très marqués entraînent en effet la sélection des plantes les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques, dont de nombreux éléments méditerranéo-montagnards. Enfin, les fortes pentes en contrebas sont occupées par des formations forestières de ravins et de pente : les groupements se répartissent selon l’exposition, la topographie (mobilité des éboulis) et la granulométrie (présence ou non de terre fine entre les blocs). En mésoclimat chaud, comme c’est le cas ici, c’est le domaine de la tiliaie à érable, forêt d’intérêt européen, dont l’extension reste toujours limitée.
Plusieurs espèces d'oiseaux exploitent ces habitats rupestres pour leur nidification. En particulier, le faucon pèlerin niche régulièrement dans les anfractuosités de ces falaises, ce qui confère à cette zone un intérêt faunistique majeur. Les parois escarpées constituent en effet le biotope de prédilection de ce rapace emblématique. Aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, il a pourtant failli disparaître en France dans les années 1970. Il bénéficie ici de la tranquillité des vires rocheuses.
Statut de protection
Les falaises de Montursin font l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (en date du 14/01/2010) en vue de la protection réglementaire des habitats des oiseaux rupestres des corniches calcaires du département du Doubs. La pratique de l'escalade, du delta-plane et du vol libre y est notamment interdite en période de reproduction (du 15/02 au 15/06), de même que les travaux d'équipement forestier et routier dans une zone de 200 mètres au pied des falaises et de 50 mètres en retrait de leur sommet. En outre, la présence d’une espèce d’oiseau protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 29/10/09).
Objectifs de préservation
Du fait de ses caractéristiques morphologiques, la zone des falaises de Montursin présente un bon état de conservation et les habitats sont essentiellement soumis à la dynamique naturelle de succession écologique. Les forêts sont peu ou pas exploitées du fait de leur inaccessibilité. Pour les mêmes raisons, les menaces pesant sur la végétation des parois sont faibles, sauf en cas de pratique de l’escalade. Du fait des conditions drastiques, la végétation des pelouses de corniches, à caractère primaire, évolue très lentement.
L’enjeu majeur sur ce site concerne la présence du faucon pèlerin. Il convient donc d'éviter toute source de dérangement aux oiseaux rupestres, afin de leur garantir les conditions de tranquillité indispensables, et ce, surtout pendant la période de nidification.