Description
Affluent de l’Ain en rive gauche, la Bienne prend sa source près des Rousses à 1100 mètres d’altitude. Jusqu’à Saint-Claude, elle suit une direction générale nord-sud, parcourant une vallée qui entaille profondément le massif plissé jurassien. Les conditions géomorphologiques (encaissement des vallées, opposition de versants plus ou moins abrupts, contraste entre anciennes vallées glaciaires et plateaux) et géologiques (diversité de nature du substrat calcaire) sont à l’origine d’une grande variété de milieux naturels dans ce secteur.
A l’est du village de Lézat, dans un contexte paysager remarquable, la Bienne s’écoule au fond de gorges profondément incisées dans les calcaires du Jurassique supérieur. Dominant la vallée, la zone des falaises de Lézat englobe un linéaire d’environ un kilomètre de parois exposées du sud-est au sud-ouest, dont l’altitude est comprise entre 710 et 790 mètres.
La délimitation du périmètre correspond à l’extension du secteur occupé par le faucon pèlerin. Ce rapace niche dans les anfractuosités de la falaise, ce qui confère à cette zone un intérêt faunistique majeur. Les parois escarpées constituent en effet le biotope de prédilection de cet oiseau emblématique. Aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, il a pourtant failli disparaître en France dans les années 1970. Il bénéficie ici de la tranquillité des vires rocheuses.
Les parois présentent toujours un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. L'ampleur des contrastes hydriques et thermiques entraîne en effet la sélection des plantes les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques, dont de nombreux éléments méditerranéo-montagnards. Ces falaises hébergent donc une végétation très clairsemée dite « chasmophytique » qui s’installe à la faveur des moindres fissures et anfractuosités de la roche. Le reste de la zone est occupé par des forêts de pente de type tiliaie sèche ; ces habitats d’intérêt européen prioritaire s’installent sur des éboulis grossiers en conditions xérophiles (très sèches). La différenciation des groupements s’opère selon la topographie (pente plus ou moins forte, haut ou bas de versant), la granulométrie des éboulis et la présence ou non de terre fine entre les blocs. Ces types forestiers sont bien répandus dans la chaîne jurassienne, mais leur extension reste toujours limitée du fait des conditions stationnelles très particulières.
Statut de protection
La zone est incluse dans le site Natura 2000 « Vallées de la Bienne, du Tacon et du Flumen » et la falaise de Lézat fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en date du 2/06/1982 en vue de la protection réglementaire des habitats du faucon pèlerin. La pratique de loisirs tels que l’escalade et le vol libre est strictement interdite entre le 15 février et le 15 juin. Il en est de même pour les travaux d’équipement forestiers et les travaux routiers entre le 15 février et le 15 mai, dans une zone de 200 mètres au pied des falaises et de 50 mètres en retrait du sommet de celles-ci. En outre, la présence d’une espèce d’oiseau protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 29/10/09).
Objectifs de préservation
Du fait de ses caractéristiques morphologiques, la falaise de Lézat présente un bon état de conservation. Les forêts sont peu ou pas exploitées en raison de leur inaccessibilité. Pour les mêmes raisons, les menaces pesant sur la végétation des parois sont faibles, sauf en cas de pratique de l’escalade.
L’enjeu majeur sur ce site concerne la présence du faucon pèlerin. Il convient donc d'éviter aux oiseaux rupestres toute source de dérangement, afin de leur garantir les conditions de tranquillité indispensables, et ce, surtout pendant la période de nidification jusqu’à l’envol des jeunes.
Zone d'extension de la falaise.