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DESCRIPTION
Au nord-est de Saint-Claude, la combe de l'Abîme est née d'une longue érosion fluviale d'un des anticlinaux de la forêt du Frênois. Elle forme une véritable reculée appelée cirque de Vaucluse, du nom du petit hameau que ce vaste amphithéâtre d'exposition sud à nord-ouest surplombe. Au sein de ces pentes abruptes, les eaux collectées sur le plateau et disparues dans le réseau karstique émergent à la faveur de sources pour former le ruisseau de l'Abîme, qui s'échappe vers le sud par une demi-cluse.
Le site de la falaise de Vaucluse intègre un ensemble de milieux rocheux caractéristiques de la partie jurassienne de la Franche-Comté. Ces habitats présentent un fort intérêt patrimonial en raison de leur nature primaire et de leur fonction de refuge pour de nombreuses espèces très spécialisées. L'ampleur des contrastes hydriques et thermiques et l'instabilité du substrat sélectionnent en effet les espèces les mieux adaptées à la rudesse des conditions écologiques de ces milieux, dont de nombreuses plantes méditerranéo-montagnardes.
Au sommet de la falaise, les rebords très secs et ensoleillés de la corniche sont colonisés par une mosaïque de chênaie rabougrie, de fruticée thermophile montagnarde à amélanchier, genévrier, sorbier de Mougeot et nerprun des Alpes et de lambeaux de pelouse formant un gazon très coloré au moment de la floraison de fin de printemps. Les anfractuosités de la paroi verticale de la falaise sont investies par les tapis mauves de l'érine des Alpes, les rosettes du saxifrage en panicule ou encore par le grêle kernéra des rochers. En contrebas, d'abondants éboulis calcaires instables, issus du délitement de la paroi par gélifraction permettent le développement d'un groupement original à flore thermophile, agrémentée de l'épervière embrassante et du stipe calamagrostide, deux espèces rares en Franche-Comté. Mais plus globalement, la forêt est la formation la plus recouvrante sur les fortes pentes du cirque de Vaucluse. Dans les situations les mieux exposées, elle est représentée par la tillaie à érable à feuilles d'obier sur les substrats les plus grossiers et par la hêtraie à if sur les éboulis les plus fins, tandis que la hêtraie à tilleul et ses tapis de dentaire pennée occupe les vallons les plus froids. Ces trois groupements sont des habitats à forte naturalité offrant des zones de quiétude aux mammifères forestiers.
L'érosion de la falaise calcaire, productrice de nombreuses cavités naturelles et corniches, associée à l'inaccessibilité de la paroi, source de tranquillité, est favorable à la nidification de plusieurs espèces d'oiseaux remarquables. Le faucon pèlerin et le grand corbeau peuvent être observés posés sur les vires herbeuses, tandis que les hirondelles de rochers et les martinets à ventre blanc patrouillent certaines années devant les parois où ils ont installé leur nid.
STATUT DE PROTECTION
La tranquillité du faucon pèlerin est assurée pendant la période de nidification par un arrêté préfectoral de protection de biotope depuis le 2 juin 1982. De plus, la présence de plusieurs espèces animales protégées assure aussi indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
La relative inaccessibilité de l'ensemble des habitats rocheux les préserve de toute menace anthropique. Par ailleurs, la lente dynamique de leur végétation ne pose guère de problèmes d'embroussaillement. En revanche, le développement d'arbustes dans les secteurs d'éboulis stabilisés nécessite d'être surveillé et des interventions ponctuelles de défrichage pourraient être réalisées en cas de mise en danger d'une station de plante rare. Par ailleurs, la conservation de la flore remarquable des éboulis passe par l'interdiction d'exploiter ces éboulis comme source de granulats et de ne pas y déposer les rémanents d'exploitations voisines, susceptibles d'accélérer le boisement et la stabilisation de ces pierriers.
