English Version
Le sommet du Ballon d'Alsace est l'un des plus célèbres sommets du massif vosgien méridional où, comme dans tous les vieux massifs hercyniens, le relief est très adouci. Situé à l'étage montagnard supérieur, son dôme sommital bien dégagé repose sur un pluton granitique affleurant par endroits. D'anciennes déforestations menées à des fins agricoles ont permis le développement de chaumes.
Traditionnellement utilisé pour l'alpage des bovins, le Ballon d'Alsace présente une mosaïque de formations végétales, dominée par les pelouses, type de végétation herbacée installée sur des milieux à degré nutritionnel plutôt faible et sur des sols acides généralement superficiels. Parmi les types de pelouses distingués en Franche-Comté, les pelouses mésophiles silicicoles, bien représentées sur les sols squelettiques du sommet du Ballon d'Alsace, tiennent une place à part en raison de leur originalité. Une petite graminée acidiphile, le nard raide, en domine la physionomie d'où le qualificatif de "pelouses à nard" qui correspondent dans le langage populaire aux "chaumes". D'autres pelouses peuvent être rencontrées sur le sommet : les prairies montagnardes à molinie qui se développent sur les sols plus humides à la faveur de suintements ou encore des pelouses riches en espèces forestières lorsque les sols deviennent plus profonds. Le reste de l'espace est colonisé par des landes à callune et myrtille, des hêtraies subalpines et des groupements de végétaux caractéristiques des têtes de ruisseaux et des rochers ombragés. Au sud du site, au sein des pelouses et prairies, le ruissellement a favorisé la genèse de quelques petites tourbières de pente (les Fagnes). Leur drainage et pâturage bovin intensif, leur induisent une forte minéralisation de la tourbe susceptible d'hypothéquer leur pérennité.
Les petites tourbières situées au niveau de la source de la Savoureuse sont très inétressantes et doivent être conservées car elles abritent la majorité des espèces végétales déterminantes du site. Le pâturage est à maintenir pour l'entretien de la prairie mais à limiter dans les secteurs tourbeux.
L'intérêt botanique du sommet du Ballon d'Alsace est remarquable puisque quatre plantes protégées y ont été recensées. Sur les pelouses à nard, se distinguent le lycopode à massue et, sur les prairies montagnardes à molinie, la grassette vulgaire et la pédiculaire des forêts. En ce qui concerne la faune, cette mosaïque de pelouses rases et de milieux préforestiers est favorable à des oiseaux comme le pipit spioncelle, l'accenteur alpin ou le merle à plastron. Si pour des raisons historiques, les chaumes se révèlent moins attrayantes pour les papillons de jour que les sommets jurassiens, leur intérêt pour d'autres groupes d'insectes demeure. C'est le cas pour les orthoptères (criquets et sauterelles) marqués par la présence de plusieurs espèces rares et localisées en Franche-Comté et en France comme le criquet palustre et le gomphocère tacheté.
STATUT DE PROTECTION
Du point de vue réglementaire, le sommet appartient à un site classé selon la loi 1930. Par ailleurs, la présence de plantes citées dans les arrêtés du 20.01.82 et du 22.06.92 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu. Enfin, sont présents sur ce territoire plusieurs espèces animales strictement protégées au niveau national citées dans les arrêtés des 19.11.07, 23.04.07 et 29.09.09.
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
La célébrité du sommet du Ballon d'Alsace, sa facilité d'accès et son remarquable point de vue font de lui un pôle d'attraction touristique dont la fréquentation massive menace la qualité de ses milieux naturels. Par conséquent, plusieurs mesures sont destinées à assurer la préservation de ce site :
- les actions agri-environnementales,
- l'opération de réhabilitation de la chaume du Ballon d'Alsace dans les secteurs ravinés par la surfréquentation,
- l'organisation de la fréquentation touristique et des activités de loisirs,
- la recherche d'une gestion sylvicole respectueuse des enjeux naturalistes majeurs,
- la mise en place d'un périmètre de protection des sources au départ de la Savoureuse,
- la préservation des tourbières grâce la fermeture des drains et à la mise en place d'exclos dans le pâturage.
