DESCRIPTION
L'étang des Chaumy ou étang des Noyes est localisé sur les plateaux et massifs prévosgiens appartenant à la région naturelle dite " plateau des Mille Etangs ". Il est situé sur la commune de Ternuay, au sud-ouest du hameau de Melay, au bord de la route départementale D 293, dans une ambiance forestière. Bel exemple d'étang oligotrophe à utriculaires des Vosges méridionales, aux eaux acides et pauvres en éléments nutritifs, il présente la particularité d'abriter une tourbière flottante. De plus, ses berges irrégulières sont en partie ceinturées par une zone tourbeuse d'extension limitée.
En effet, l'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Divers cas se présentent selon le type d'alimentation hydrique : accumulation et stagnation d'eau dans une cuvette, ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les précipitations peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Dans plus de la moitié des cas, comme sur ce site de Chaumy, les tourbières des Vosges comtoises sont nées à partir d'un radeau composé de plantes pionnières caractéristiques dont les rhizomes entrelacés forment un tapis en surface. Ce type de tourbière de transition est un refuge d'espèces spécialisées et menacées, inféodées à ce milieu original. Ce site abrite ainsi le rhynchospore blanc, la linaigrette engainante, la scheuchzérie des marais, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires et la laîche des bourbiers. Ces quatre dernières espèces bénéficient d'une protection au plan national, compte tenu de la rareté des milieux qui les hébergent. La station de millepertuis du Canada, et surtout les vastes surfaces périodiquement immergées couvertes d'un gazon de littorelle à une fleur (également protégée en France) confirment la valeur botanique de ce plan d'eau.
Sur le plan entomologique, le peuplement de libellules, riche de seize espèces, est bien diversifié. Le sympétrum noir, en particulier, est prioritaire en Franche-Comté. A ses côtés ont été contactées la grande aeschne et la cordulie métallique, qui sont toutes deux des espèces sensibles en raison de la disparition et de la modification de leurs habitats électifs (plans d'eau gérés extensivement et pourvus d'une végétation aquatique diversifiée).
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.
La pérennité des habitats est liée à la préservation des pratiques de gestion traditionnelles liées à la pisciculture extensive : conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles et baisse du niveau des eaux en fin d'été (favorisant les communautés spécifiques de ces milieux et freinant le développement de certains ligneux). L'absence d'intervention est préconisée pour le radeau flottant. Il conviendrait de limiter la pratique du chaulage, qui présente un risque de modification des caractéristiques de l'eau (alcalinisation) et peut porter atteinte aux groupements végétaux patrimoniaux si elle est trop fréquente. Le dégagement des formations boisées périphériques permettrait d'obtenir des faciès plus ouverts sur les zones de lisières. En outre, toute opération de drainage ou d'assainissement est à proscrire au sein des prairies et des boisements périphériques.