ZNIEFF 430010434
ETANG A L'EST DE LA GOUTTE GEHAN

(n° régional : 50174013)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le secteur de Beulotte-Saint-Laurent appartient à la région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs ". Dans un relief assez peu marqué, l'étang tourbeux de la Goutte Géhan, situé à hauteur du bois de Bouloye, présente un bel attrait paysager. Il appartient à un système hydrographique de ruisseaux situés en tête de bassin.

Ce complexe tourbeux s'intègre dans un contexte de forêts de conifères entrecoupées de prairies. Bel exemple de plan d'eau oligotrophe (dont les eaux acides sont peu minéralisées), l'étang héberge deux plantes protégées dans la région, l'utriculaire jaune pâle, rarissime en France, et le nénuphar nain, relicte glaciaire. Une frange étroite de tourbière boisée dégradée avec un faciès à molinie bleue s'étend sur la rive orientale. Toutefois, la singularité de cette zone réside surtout dans sa tourbière de transition, radeau végétal flottant librement au milieu de l'étang. En effet, l'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : accumulation et stagnation d'eau dans une dépression, ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang. Dans plus de la moitié des cas, comme sur ce site, les tourbières de Vosges comtoises sont nées à partir d'un radeau. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les apports météoriques (précipitations) peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement par la suite. Ce tremblant, formant une véritable " peau ", est composé de plantes pionnières (laîches filiforme et à bec, comaret, trèfle d'eau), dont les rhizomes entrelacés forment un tapis en surface, et de buttes de sphaignes. Ce type de tourbière est un refuge extrêmement important d'espèces spécialisées et menacées. Au sein du cortège floristique typique, plusieurs plantes protégées en France ou dans la région sont recensées : la laîche des bourbiers, la scheuchzérie des marais, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles intermédiaires, ainsi que le rhynchospore brun-rouge et le rubanier à feuilles étroites.

Le caractère très hygrophile de cette tourbière lui confère un grand intérêt pour les libellules : parmi les onze espèces dénombrées, l'orthétrum bleuissant et le sympétrum noir sont prioritaires en Franche-Comté. Deux papillons menacés, les petits et grands colliers argentés, se rencontrent dans les habitats tourbeux et les lisières boisées.

 

STATUT DE PROTECTION

La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plusieurs plantes protégées citées dans les arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92 et confère indirectement un statut de protection au milieu puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu de vie est interdit.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.

Une gestion passive, laissant évoluer spontanément l'habitat, est préconisée pour la tourbière tremblante, en s'assurant toutefois de la préservation de la qualité de l'eau. Il convient donc de poursuivre une pisciculture extensive et de proscrire l'introduction d'espèces non autochtones. De plus, les épandages d'engrais dans les prairies avoisinantes devraient être limités. En effet, tout enrichissement des eaux de l'étang serait néfaste au maintien du cortège d'espèces patrimoniales. Par ailleurs, des travaux de déboisement sont recommandés en bordure orientale du plan d'eau.

 

Commentaires sur la délimitation
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