ZNIEFF 430010436
ETANGS CURÉ ET DE LA GRANDE CROISSENIÈRE

(n° régional : 50174015)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Le secteur de Beulotte-Saint-Laurent appartient à la région naturelle des plateaux et moyenne montagne vosgienne dite " plateau des Mille Etangs ". Dans un relief assez peu marqué, l'étang de la Croissenière et celui situé juste en amont sont implantés au lieu-dit les Granges de l'Envers. L'espace intermédiaire est occupé par une tourbière. L'étang amont se trouve en contexte forestier alors que celui de la Croissenière est partiellement bordé de prairies humides pâturées. L'ensemble présente un intérêt écologique indéniable.

Beaux exemples d'étangs oligotrophes des Vosges méridionales, ces plans d'eau sont classés parmi les étangs à utriculaires, plantes carnivores typiques de ces milieux acides pauvres en éléments nutritifs. Ils sont pourvus d'une belle ceinture de végétation implantée sur des substrats tourbeux et paratourbeux. En effet, l'altitude, le climat froid et très humide, le substratum géologique cristallin associé aux placages glaciaires plutôt imperméables, la nature acide des eaux de ruissellement et des précipitations ainsi que le relief peu accidenté sont autant de conditions favorables à la formation de tourbières dans ce secteur. Divers cas se présentent selon le type d'alimentation hydrique : accumulation et stagnation d'eau dans un point bas topographique, ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang. Dans ces trois situations, l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse ; les apports météoriques (précipitations) peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Dans plus de la moitié des cas, les tourbières des Vosges comtoises sont nées à partir d'un radeau, comme sur ce site. Différents stades d'évolution coexistent étroitement : tourbières de transition et tourbières bombées actives, où buttes de sphaignes et gouilles (occupées par des communautés à rhynchospore blanc) sont réparties en mosaïque fine.

Ces milieux remarquables abritent des plantes typiques, ce qui confère à cette zone un grand intérêt floristique : linaigrette engainante, laîche à utricules velus, jonc filiforme, violette des marais, nénuphar nain (protégé en Franche-Comté). La littorelle à une fleur, la scheuzérie des marais et le rossolis à feuilles rondes bénéficient quant à elles d'une protection au plan national.

Ces habitats imbriqués hébergent un cortège diversifié de libellules, dont le sympétrum noir et la grande aeschne, prioritaires dans la région.

STATUT DE PROTECTION

La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Compte tenu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire, ce qui implique le maintien de la fonctionnalité hydrologique et des conditions oligotrophes.

La poursuite d'une pisciculture extensive est par conséquent à encourager, de même que la conservation des ceintures végétales et des prairies humides environnantes où toute opération de drainage est bien sûr à éviter. De plus, les épandages d'engrais aux alentours devraient être limités, puisque tout enrichissement des eaux de l'étang serait néfaste au maintien des espèces patrimoniales. Il conviendrait de limiter l'accès au bétail à la tourbière ou de diminuer le chargement, du fait de la sensibilité de ce milieu au piétinement.

L'évolution naturelle des tourbières conduit progressivement à une colonisation par les ligneux qui compromet à terme la pérennité des groupements turfigènes actifs. La mise en place d'un programme de déboisement serait ainsi nécessaire.

Prospection 2018 :

La surface de la tourbière est à peu près stable. La molinie est très recouvrante et atteste d’un début de minéralisation de la tourbe ou d’eutrophisation.
Le rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) est bien présent dans la tourbière. La scheuchzerie des marais (Scheuchzeria palustris) n’a pas été revue depuis 1980, mais cette petite plante discrète peut facilement passer inaperçu.
L’utriculaire jaunâtre (Utricularia ochroleuca) n’a pas été revue , mais la météo de cette année 2018 n’a vraiment pas favorisé ce type de plantes et les gouilles de la tourbière étaient complètement à sec lors de la prospection . Il n’est absolument pas exclu qu’elle soit toujours présente sur le site.
La littorelle à une fleur (Littorella uniflora) n’a pas non plus été revue depuis 1986, mais les bordures des étangs ne présentent pas une conformation qui favorise particulièrement cette espèce, contrairement à l’étang de la vierge du Reposou situé à proximité immédiate.
Le nénuphar nain (Nuphar pumila) n’a pas non plus été revu depuis 1986.
La canneberge (Vaccinium oxycoccos) est bien représentée dans la tourbière. La laîche filiforme (Carex lasiocarpa) n’a pas été vu en 2018 mais hors floraison, cette espèce peut facilement passer inaperçue .
D’autres espèces patrimoniales sont présentes, il s’agit du rhynchospore blanc (Rhynchospora alba) et des dactylorhize de mai et incarnat (Dactylorhiza majalis, D. incarnata).
Les sécheresses consécutives de ces dernières années favorisent certainement les espèces bien adaptées, comme la molinie, au détriment des habitats de haut-marais.
Il convient de  :
- poursuite une pisciculture extensive.
- maintenir le fonctionnement hydrologique du site.
- limiter les épandages d'engrais aux alentours , ces milieux étant très sensibles à l’eutrophisation et créer ainsi une zone tampon.

Commentaires sur la délimitation
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