DESCRIPTION
La plaine de la Bresse s'étend entre la bordure externe de l'arc jurassien et le Massif Central. Au cours de l'ère tertiaire, cette partie nord du bassin d'effondrement du Rhône et de la Saône était occupée par un lac au fond duquel des alluvions se sont déposées sur de grandes épaisseurs. Le retrait progressif du lac bressan a laissé place à de vastes marécages.
La Bresse comtoise forme une entité paysagère et culturelle homogène, constituée d'un complexe interactif et cohérent d'étangs, de prairies et de boisements humides sur des sols peu perméables, dans un relief à peine vallonné. L'origine des étangs de Bresse semble remonter au XIIIe siècle. Ces plans d'eau, à vocation piscicole le plus souvent, ont été créés par l'homme. Leur faible profondeur et l'absence de gradient thermique autorisent le développement de la végétation sur toute la hauteur d'eau. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique.
Dans la partie méridionale, l'étang Jean Guyon s'insère en lisière sud du bois des Foulletons. Ses berges sinueuses sont bordées d'une roselière particulièrement bien développée au sud. Une aulnaie marécageuse s'étend en queue d'étang sur des sols engorgés en permanence. Classé parmi les étangs méso-eutrophes à potamot capillaire (dont les eaux non acides sont moyennement riches en éléments nutritifs), ce plan d'eau se distingue par sa flore aquatique. Il héberge des espèces remarquables pour la région comme les potamots à feuilles obtuses et à feuilles aiguës ainsi que la petite naïade. Ces deux dernières bénéficient d'un statut de protection en Franche-Comté. La présence de la gratiole officinale, en raréfaction et protégée au plan national, confirme cet intérêt botanique : c'est l'une des stations bressanes de cette plante caractéristique des prairies longuement inondables et des sols engorgés.
Composante du réseau des étangs bressans, cette zone est attractive pour l'avifaune (notamment pour les oiseaux paludicoles) qui trouve dans ces habitats des lieux de nidification et d'étape migratoire. L'humidité constante, l'imbrication étroite des milieux aquatiques et forestiers sont autant de facteurs propices à la reproduction des batraciens. La végétation amphibie constitue un biotope favorable aux libellules et demoiselles.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (absorption de quantités massives par la végétation en été).
La préservation de l'intégrité du milieu, de la qualité de l'eau ainsi que le contrôle du fonctionnement hydrologique sont les garants d'une bonne fonctionnalité écologique. Dans les étangs, il convient donc d'encourager la poursuite d'une pisciculture extensive. La pérennité de ces habitats est liée à la préservation des pratiques de gestion traditionnelles : limitation de l'artificialisation des rives, conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles, baisse du niveau des eaux en fin d'été. L'assec périodique après la pêche, quant à lui, favorise la minéralisation de la matière organique et le rajeunissement du milieu. Enfin, le maintien des essences de feuillus, l'absence de drainage ou d'assainissement permettent de préserver le niveau de diversité biologique qui caractérise les boisements et prairies humides périphériques.
Si la proximité de l'A39 n'influe pas sur la typicité des paysages, des impacts sur la fonctionnalité écologique (fractionnement des réseaux) sont toutefois à prendre en considération.