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DESCRIPTION
Après Dole, le Doubs entame la partie aval de son cours avec l'entrée dans le fossé bressan. Il s'écoule alors sur une vaste zone d'épandage alluvial tertiaire correspondant à la petite région agricole du Finage. Le tronçon de basse vallée compris entre Molay et Rahon fut une zone de tressage intense au cours des siècles passés. Vers Port-Aubert (au niveau de la morte de Gratte-Panse), le Doubs a été rectifié et endigué en 1968. Les impacts de ces travaux, encore accentués par des extractions massives de granulats, se sont traduits par une érosion régressive avec incision du lit et déconnexion des annexes. Toutefois, le cours d'eau conserve dans l'espace inter-digue une fonctionnalité de basse vallée en matière d'hydraulique et de transport solide. Une géomorphologie alluviale caractéristique est visible dans le paysage : berges meubles abruptes érodées, bancs d'alluvions, mortes et autres annexes.
Il en résulte une extrême diversité de milieux étroitement imbriqués et régénérés périodiquement par la dynamique du cours d'eau : ripisylves (saulaies arborescentes, aulnaies-frênaies et frênaies-érablaies reliques des grandes forêts alluviales), végétation aquatique, prairies humides ou mésophiles, fourrés, formations humides de hautes herbes. La végétation aquatique des mortes, riche et diversifiée (notamment dans les bras-morts de l'île Cholet) recèle des espèces en régression, telles que la germandrée d'eau, le pâturin des marais ou le butome en ombelle, protégé dans la région.
Sur le plan faunistique, la basse vallée du Doubs constitue un corridor d'échanges écologique et l'avifaune liée aux milieux humides y est particulièrement riche. Diverses espèces protégées sont contactées : bihoreau gris, gorge-bleue à miroir et martin-pêcheur. Le potentiel piscicole est élevé : les annexes (notamment la morte de Gratte-Panse, encore connectée par l'aval et épisodiquement par l'amont) servent de refuge en période de crue et de zones de fraie. Les mortes sont également favorables aux libellules, telles que l'aeschne paisible, recherchant les eaux lentes pourvues d'une abondante végétation. Bien qu'elle soit en amélioration, la qualité de l'eau demeure plutôt moyenne, avec des teneurs en nitrates et micro-polluants trop élevées (surtout dans les mortes). Les peuplements d'invertébrés benthiques restent diversifiés mais les groupes les plus polluo-sensibles ne sont pas présents.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2000 " Basse Vallée du Doubs, de Falletans à Annoire ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés du 17/04/81 pour les oiseaux et du 22/06/92 pour la flore).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La richesse écologique de la zone ne doit pas occulter les problèmes de fonctionnalité de l'hydrosystème. Tout en incluant les nombreuses activités humaines et surtout les différents types d'exploitation agricole, la gestion patrimoniale optimale doit s'articuler autour de deux axes :
- respect de la dynamique alluviale naturelle (préservation d'un espace de liberté latéral suffisant au titre du SDAGE) afin de limiter les conséquences physiques de l'incision du lit mineur et d'autoriser le renouvellement des écosystèmes pionniers caractéristiques ;
- maintien des prairies inondables exploitées de façon extensive et des boisements alluviaux. Des cultures et peupleraies sont déjà bien implantées sur l'Ilion et l'île Cholet et constituent à ce titre une menace.
En l'absence d'une politique cohérente à l'échelle de l'hydrosystème, comprenant également une reconquête de la qualité de l'eau, les capacités fonctionnelles de champ d'expansion des crues, d'auto-épuration et de lutte contre l'érosion seraient diminuées. En outre, avec l'appauvrissement de la biodiversité, les valeurs halieutique (zone de fraie du brochet), cynégétique ou naturaliste seraient altérées. La progression des espèces invasives est aussi à surveiller.
