DESCRIPTION
Après la traversée de Dole, le Doubs entame la partie aval de son cours avec l'entrée dans le fossé bressan. Dans cette vallée élargie, il s'écoule alors sur une vaste zone d'épandage alluvial tertiaire correspondant à la petite région agricole du Finage. Le tronçon de basse vallée entre Peseux et Chaussin, à l'aval de la confluence avec la Loue, fut une zone de tressage intense au cours des siècles passés. Le lit du Doubs a fait l'objet d'importants travaux aux XIXème et XXème siècles (endiguement, rectification, extraction massive de granulats). Les impacts se sont traduits par une érosion régressive avec incision du lit et déconnexion des annexes. Toutefois, le cours d'eau conserve dans l'espace inter-digue une fonctionnalité de basse vallée en matière d'hydraulique et de transport solide. Une géomorphologie alluviale caractéristique est visible dans le paysage : berges meubles abruptes érodées, grèves caillouteuses, mortes et autres annexes.
Il en résulte une extrême diversité de milieux remarquables étroitement imbriqués : boisements riverains, complexes de végétation aquatique (notamment dans la morte du Pasquier du Moulin), ourlets humides, formations de hautes herbes et surtout prairies humides particulièrement bien représentées. De minces ripisylves bordent le Doubs : ces saulaies arborescentes, aulnaies-frênaies et frênaies-érablaies sont des reliques des grandes forêts alluviales. Les espèces inféodées aux milieux humides régénérés périodiquement par la dynamique du cours d'eau trouvent ici des conditions favorables à leur installation. La germandrée d'eau, le jonc fleuri, l'hottonie des marais et la stellaire des marais, prospérant dans les mortes, sont parmi les plus rares. Ces trois dernières espèces sont protégées à l'échelon régional. un secteur en pelouse sèche sur alluvions particulièrement intéressant héberge le diplotaxis des murailles.
On retiendra particulièrement la valeur faunistique de cet ensemble. La basse vallée du Doubs constitue en effet un corridor d'échanges écologique et abrite une avifaune liée aux milieux humides particulièrement riche et diversifiée. Le martin-pêcheur d'Europe utilise les berges meubles et abruptes, soumises à l'érosion latérale, pour y creuser son nid. La zone est également favorable aux libellules, parmi lesquelles se distingue l'agrion à longs cercoïdes. Cette espèce méridionale de plaine recherche les eaux lentes pourvues d'une abondante végétation.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2 000 " Basse Vallée du Doubs, de Falletans à Annoire ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La richesse écologique de la zone ne doit pas occulter les problèmes de fonctionnalité de l'hydrosystème. Tout en incluant les nombreuses activités humaines et surtout les différents types d'exploitation agricole, la gestion patrimoniale optimale doit s'articuler autour de deux axes :
- respect de la dynamique alluviale naturelle (préservation d'un espace de liberté latéral suffisant au titre du SDAGE) afin de limiter les conséquences physiques de l'incision du lit mineur et d'autoriser le renouvellement des écosystèmes pionniers caractéristiques ;
- maintien des prairies inondables exploitées de façon extensive et des boisements alluviaux. Il convient donc d'éviter les cultures et plantations de peupliers en zone humide.
En l'absence d'une politique cohérente à l'échelle de l'hydrosystème, comprenant également une reconquête de la qualité de l'eau, les capacités fonctionnelles de champ d'expansion des crues, d'auto-épuration et de lutte contre l'érosion seraient diminuées. En outre, avec l'appauvrissement de la biodiversité, les valeurs halieutique (zone de fraie du brochet), cynégétique ou naturaliste seraient altérées. La progression des espèces invasives est aussi à surveiller.