ZNIEFF 430010504
TOURBIERE AU NORD DU PRE GAILLARD

(n° régional : 40000035)

Commentaires généraux

COMMENTAIRE GENERAL

Au début du Quaternaire, le phénomène glaciaire qui s’est déroulé dans le massif jurassien a perduré et porté sur des surfaces assez importantes, notamment sur le deuxième plateau et la Haute Chaîne du Jura. Des dépressions, plus ou moins vastes, comblées par des dépôts morainiques et encore bien visibles dans le paysage, constituent les témoins de cet épisode. Ce relief de cuvettes, la nature des formations géologiques et les conditions climatiques qui règnent dans cette région sont à l’origine de caractéristiques écologiques particulières comme la quasi permanence de l’eau dans les dépressions, permettant le développement de zones humides et notamment de tourbières.

La tourbière au nord de la ferme du Pré Gaillard en constitue un bel exemple, malgré une exploitation intense sur une partie de son périmètre. Située à près de 1200 mètres d’altitude, sur le plateau des Moussières, elle s’étend sur un peu moins de dix hectares sur le territoire communal de la Pesse. Parmi les différents habitats qui la composent, on compte un petit marais tremblant sur tourbe qui héberge quelques espèces typiques de ces milieux : comaret, violette des marais, laîche en ampoules, laîche à utricules velus. Dans les secteurs très exploités, la dégradation du milieu est marquée par l’abondance de la molinie, de la linaigrette à feuilles engainantes et du scirpe en touffes. Les abords de ce marais sont occupés principalement par une magnocariçaie puis, plus au nord, par une lande à éricacées, composée de callune, myrtille, airelles du Mont Ida et des marais et parmi lesquelles la molinie et le nard raide se sont considérablement développés. L’évolution dynamique de ce marais tourbeux se traduit par la présence d’une boulaie sur tourbe, déjà bien établie à l’ouest de la tourbière, qui accueille le lycopode sélagine. Les secteurs aux sols les plus ressuyés permettent l’installation de quelques pieds d’épervière bleuâtre, espèce très rare en France, cantonnée principalement sur l’arc jurassien et les Alpes, au-dessus de 800 mètres d’altitude et considérée en danger d’extinction.

Lorsque les conditions d’hydromorphie s’estompent légèrement, mais que l’alimentation en eau des terrains est encore amorcée par la présence d’un petit ruisselet, les sols sont colonisés par une prairie humide à molinie, trolle et succise des prés. L’abandon des pratiques agricoles sur une partie de ces milieux prairiaux, au sud-est du secteur, conduit à l’établissement d’une vaste mégaphorbiaie à reine des prés, malheureusement bien dégradée par l’enrésinement des terrains.

Parmi les autres indicateurs écologiques de ce site, on note la présence d’une importante colonie de lézard vivipare, espèce protégée au niveau national, qui a conquis le bas marais, au centre du site.

STATUT DE PROTECTION

La présence d’une espèce animale, citée dans l’arrêté ministériel du 19.11.2007 et concernant la protection des amphibiens et des reptiles en France, assure directement la protection de ce site puisque tout acte de destruction à l’encontre de cette espèce et de son biotope est interdit. Ce site bénéficie également d’un statut de zone spéciale de conservation vis-à-vis de la Directive Habitats et de zone de protection spéciale (Directive Oiseaux).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Très exploitée il y encore quelque temps, le site de Pré Gaillard montre toujours les traces de ces activités passées : fosses de détourbage, fronts de taille importants, drains encore actifs pour certains. Afin de préserver ce site d’intérêt patrimonial, il conviendra de maintenir une activité beaucoup plus réduite et raisonnable de la tourbe et d’éviter toute opération de drainage ou d’assainissement. Par ailleurs, l’apport de fertilisants dans les prairies alentour risque de créer un déséquilibre trophique des sols et de nuire considérablement au maintien de la diversité floristique du site.

Prospection 2018 :

La dynamique spontanée de recolonisation par la forêt sur ce site n’est pas très rapide, les surfaces boisées entre 1994 et 2018 n’ont pas beaucoup évolué.
Par contre, le risque de transformation par plantation d’épicéas est important.
Ces milieux abritent diverses espèces patrimoniales, dont une espèce très rare vulnérable en Franche-Comté où elle est protégée, ainsi que la dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata), la dactylorhize de mai (Dactylorhiza majalis), l’épipactis des marais (Epipactis palustris) et la campanule à feuilles en losanges (Campanula rhomboidalis) et une mousse rare et vulnérable en Franche-Comté : Plagiomnium ellipticum.
Cet ensemble est menacé d’une part par l’eutrophisation des milieux environnants qui risque de perturber les habitats caractéristiques des sols oligotrophes.
D’autre part, on ne peut exclure le risque de plantation en épicéas.

Commentaires sur la délimitation
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