ZNIEFF 430010505
MARAIS ET MARES DE L'ANQUERNE

(n° régional : 40027002)

Commentaires généraux

Description

 

A l’extrême sud du département du Jura, les conditions géomorphologiques (encaissement des vallées, opposition de versants plus ou moins abrupts, contraste entre anciennes vallées glaciaires et plateaux) et géologiques (diversité de nature du substrat calcaire) sont à l’origine d’une grande variété de milieux naturels.

 

Le secteur compris entre La Pesse et Bellecombe est marqué par des empreintes laissées par l’érosion glaciaire, sous forme de dépôts imperméables à l’origine de la formation de zones humides. En particulier, le site de l’Anquerne, d’un remarquable intérêt paysager, présente une topographie hétérogène, avec alternance de buttes morainiques et de dolines. Au sein d’un ensemble de prairies montagnardes fauchées ou pâturées, assez intensifiées, des mares et deux zones tourbeuses constituent la principale richesse du site.

 

Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l’installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d’eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l’eau libre (tremblants) puis atterrissement (bas-marais alcalin). Le développement d’un réseau karstique induit la création d’îlots soustraits à l’influence des eaux carbonatées. Une transition s’opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l’assèchement et l’installation des ligneux marquent le stade ultime. Souvent, les tourbières sont dites « mixtes », présentant différents stades et des formes de transition riches en espèces. Sur ce site, par exemple, des bas-marais acides côtoient des formations de haut-marais matures.

 

Les conditions particulièrement contraignantes des tourbières entraînent la sélection d’un cortège floristique original et riche en plantes rares, strictement inféodées à ces habitats, telles que l’andromède à feuilles de polium et le rossolis à feuilles rondes (protégées en France) ou encore la canneberge. L’homogyne des Alpes, autrefois mentionnée, n’a pas été revue récemment.

 

Les prairies sont parfois le siège de rassemblements postnuptiaux de plusieurs dizaines de grands corbeaux immatures. Dans le passé, ces rassemblements à l’Anquerne étaient encore beaucoup plus conséquents ; les corvidés jouaient d’ailleurs un rôle sanitaire non négligeable en éliminant les charognes.

 

Les mares utilisées comme abreuvoir par le bétail présentent un grand intérêt pour les amphibiens : diverses espèces de crapauds, grenouilles et tritons y trouvent des sites de pontes à leur convenance.

On y trouve enfin un cortège intéressant d'insectes.

Statut de protection

 

La zone est partiellement incluse dans le site Natura 2000 « Vallée de la Bienne, du Tacon et du Flumen ». En outre, la présence de plantes, d'oiseau, d'amphibien et d'insecte protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels du 20/01/82, 23/04/2007, du 19/11/2007 et du 29/10/2009).

 

Objectifs de préservation

 

Les tourbières sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Toutefois, ces milieux sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations, notamment sur le plan hydrologique. Il convient de promouvoir le maintien de pratiques agricoles extensives (fauche ou pâturage) dans les prairies limitrophes, afin de garantir la préservation de leur intérêt écologique. Par contre, le pâturage des tourbières se révèle néfaste : le piétinement et l’eutrophisation (enrichissement en éléments nutritifs) qui s’ensuivent sont incompatibles avec le maintien d’une flore et de groupements turfigènes. En ce sens, la conservation de bandes-tampon en périphérie des tourbières est à préconiser.

 

Tout dépôt est à proscrire dans les dolines, en raison de l’impact paysager, mais également à cause d’un risque de dégradation de la qualité des eaux en aval, puisque celles-ci résurgent ensuite dans le Flumen. Enfin, il est souhaitable d’assurer un entretien régulier des mares-abreuvoirs.

Commentaires sur la délimitation
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