DESCRIPTION
Au sein du massif jurassien, la Combe d'Ain constitue une région naturelle particulièrement diversifiée, caractérisée par son origine glaciaire. La vallée de l'Ain y traverse, selon une orientation nord-sud, des paysages au relief calcaire tourmenté. Dans la partie septentrionale, les secteurs d’En Boux Feu et de Molard des Fourches, distants de quelques centaines de mètres, constituent deux entités aux caractéristiques géomorphologiques similaires : substrat d’origine glaciaire plus ou moins imperméable, coteaux d’orientation nord-ouest. Ils sont essentiellement occupés par des groupements de pelouses sur marnes plus ou moins enfrichées. Divers suintements et sources diffuses sont à l’origine de la formation d’un bas-marais alcalin sur le versant d’En Boux Feu. La juxtaposition de ces milieux contrastés est source d’une grande richesse écologique.
Les pelouses marnicoles sont représentées par une association à plantain et lotier maritimes. Une formation plus acidophile à danthonie retombante et brachypode penné apparaît sur des sols plus épais, plus ou moins lessivés et décalcifiés. Divers facteurs conditionnent l’installation de ces formations herbacées basses dans ce secteur : sol superficiel à squelettique, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. En outre, les groupements sur marne sont soumis à des contraintes supplémentaires (fort contraste hydrique au cours de l’année, faible stabilité des sols constamment rajeunis par l’érosion, humus peu épais). Ce type de pelouse original est caractéristique du Jura où il est bien représenté. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique caractéristique, riche en éléments d’affinité méditerranéenne. L’évolution naturelle de ces milieux tend vers une recolonisation par les ligneux, ce qui se traduit par la présence d’ourlets, de fourrés et de stades préforestiers.
Le marais alcalin, d’une haute valeur patrimoniale, relève de l’association à laîche de Davall. Il héberge quatre plantes protégées en France ou dans la région. Le choin ferrugineux, la grassette commune et la gentiane pneumonanthe sont strictement inféodés aux conditions écologiques de ce milieu ; la prêle panachée ne se trouve quant à elle que dans quelques stations du Jura, sur des moraines glaciaires en altitude. Il semblerait que des phénomènes de régénération mécanique (exploitation de granulats par exemple) soient nécessaires à son maintien. Sur le site d’En Boux Feu, on peut supposer que le piétinement lié au pâturage bovin remplit la même fonction.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les pelouses sont des milieux semi-naturels relictuels et en régression. Les secteurs les moins accessibles ou difficiles à exploiter sont abandonnés progressivement par l’agriculture, ce qui conduit à leur enfrichement. Le maintien de pratiques agro-pastorales extensives est de nature à assurer la conservation du site et leur poursuite est à encourager. Il faut souligner que ces groupements ne supportent aucune fertilisation : tout enrichissement en éléments nutritifs conduirait à une banalisation des espèces et des habitats. Un lotissement ayant été construit juste en limite du site du Molard des Fourches, il existe un risque potentiel de pollution diffuse (effluents domestiques).
Pour conserver les potentialités du site, et particulièrement le bon état du bas-marais de pente, il est essentiel d’en préserver le fonctionnement hydrologique et d’assurer des conditions d'humidité permanente. Il convient donc d’éviter toute opération de drainage, d'assainissement, de remblaiement, ou inversement, de creusement de plan d’eau dans l’ensemble de la zone.