DESCRIPTION
Le ruisseau du Bief de l'Etang s'écoule sur le plateau de Champagnole avant sa confluence avec l'Ain. Ce secteur s'intègre dans un contexte péri-urbain ; le ruisseau, dans son cours aval, coule juste en périphérie de l'agglomération de Champagnole. Outre le cours d'eau, la zone inclut des coteaux bien exposés occupés par les pelouses de Valentenouze. Aux alentours, les activités agricoles sont tournées vers l'élevage, d'où un contexte dominé par des prairies fortement amendées. Toutefois, les pelouses relictuelles revêtent un intérêt floristique marqué et le ruisseau du Bief de l'étang, bordé à l'aval par une ripisylve dense et continue, présente encore une bonne qualité biologique.
Les ruisseaux de tête de bassin se caractérisent par une pente forte, des fonds grossiers et des eaux dont la qualité devrait être optimale, c'est-à-dire fraîches et oxygénées, pauvres en éléments nutritifs et non polluées. Dans ce cas, ces cours d'eau abritent tout un cortège d'espèces indicatrices, qui y trouvent des zones de frayères, comme la lamproie de Planer, le chabot, la truite fario ou la salamandre. Ils sont riches d'une faune invertébrée variée et très sensible aux pollutions diverses : écrevisses à pieds blancs, perles (familles des perlidae, perlodidae, taeniopterygidae ou chloroperlidae), trichoptères (familles des odontoceridae, philopotamidae, brachycentridae), éphémères (genres Epeorus ou Rhithrogena).
Les pelouses sèches de Valentenouze sont installées à la faveur de sols superficiels, voire squelettiques, pauvres en éléments nutritifs et dont les réserves hydriques sont faibles. Ces conditions écologiques contraignantes sélectionnent des groupements végétaux particuliers. L'association représentée ici, mésoxérophile et calcicole à tendance continentale, est caractérisée par le brome dressé et la laîche humble ; peu répandue dans le Jura, elle reste limitée à quelques stations situées sur des versants ensoleillés de vallées escarpées. Son intérêt floristique est marqué par la présence de tout un cortège d'espèces typiques de ces lieux secs, plus ou moins rocailleux ; il faut noter en particulier la présence de la pulsatille vulgaire et de l'ail des montagnes dont la répartition reste localisée.
STATUT DE PROTECTION
Une protection réglementaire de l'espace est en voie d'être mise en place (arrêté de protection de biotope) sur le ruisseau. En même temps, la présence de plusieurs espèces cités dans les arrêtés ministériels des 22/07/93, 8/12/88 et 21/07/83 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu de vie est interdit.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Ces ruisseaux font partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés de sorte qu'il n'en subsiste aujourd'hui qu'une bonne centaine en Franche-Comté. Ils font l'objet en effet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques dans le lit mineur ou en bordure immédiate, de braconnage et d'alevinages intempestifs (notamment en espèces non indigènes) ou encore d'agressions diverses en lien avec l'exploitation sylvicole et agricole. Le bon état de conservation du ruisseau du Bief de l'Etang est lié à la préservation de son bassin versant ; cependant, la proximité de zones urbaines le rend très vulnérable. Le respect des préconisations réglementaires est de nature à garantir sa préservation durable, en accordant une attention particulière à la maîtrise des effluents.
D'autre part, avec la présence avérée du Crapaud calamite qui fréquente les milieux ouverts et se reproduit dans des points d'eau peu profonds, même très temporaires ou peu végétalisés, il existe des menaces sur l'espèce. Ces dernières années, la dégradation des biotopes humides, notamment dans le lit majeur des cours d'eau conduit à une nette régression de l'espèce. C'est pourquoi, il est primordial de viser la préservation et/ou l'amélioration des sites de reproduction et l'amélioration de la survie terrestre.
Les pelouses sèches situées sur cette zone ont subi des atteintes : l'une d'entre elles a été partiellement détruite par extraction de matériaux lors de la construction de la déviation de la RN 5 en 1995. Plus généralement, ces milieux subissent un fort recul sous l'effet de la déprise agricole (qui conduit à l'enfrichement puis à la recolonisation par des groupements forestiers) et de l'intensification. La poursuite de l'exploitation actuelle (par pâturage équin et fauche), menée de façon extensive, devrait assurer la pérennité du site.
La délimitation de la zone tient compte du fonctionnement des écosystèmes entre eux à l'échelle du bassin versant et des limites de présence de l'écrevisse à pattes blanches.