Description
Dans la majorité des cas, les étangs sont des créations humaines à vocation piscicole, de faible profondeur, dont l’origine remonte au Moyen-âge. Dans le secteur de la dépression sous-vosgienne, le substrat plutôt imperméable est à l’origine de la création de tout un réseau de plans d’eau s’insérant dans un contexte de forêts, prairies et cultures.
Le site des Carpières d'Ailloncourt est situé à hauteur du lieu-dit En Ronde Sausse. Cet ensemble de plus de 30 hectares est composé d'étangs aux contours très géométriques, juxtaposés et interconnectés. Bien que ces plans d’eau soient assez marqués par l’influence humaine, quelques secteurs plus ou moins abandonnés conservent un assez bon intérêt biologique.
En général, la végétation d’un étang se répartit en ceintures concentriques selon un gradient d’humidité. Sur ce site, des communautés aquatiques à nénuphar sont relayées en ceinture par des roselières et cariçaies (formations de grandes laîches). L’extérieur est souvent occupé par des ligneux : en effet, l’évolution naturelle tend vers l’atterrissement progressif et l’installation de stades pré-forestiers à forestiers (groupements arbustifs à saule cendré et aulnaies marécageuses). Ces étangs sont entourés de prairies humides à brome en grappe et de mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes qui en dérivent en cas d’abandon). Les pratiques traditionnelles de baisse des niveaux d’eau en fin d’été sont favorables à l’implantation de communautés de plantes pionnières annuelles sur les berges exondées périodiquement : gazons à élatine et scirpes sur vases fluides et communautés de plantes plus élevées, caractérisées par les bidents, sur substrats riches en azote. Sur cette zone, deux espèces patrimoniales se démarquent : la laîche faux-souchet, protégée au plan régional, ainsi que la scrofulaire des ombrages, assez rare.
De surcroît, cette zone présente un intérêt majeur sur le plan ornithologique, bien que plusieurs espèces emblématiques n’aient pas été revues récemment : le blongios nain, le vanneau huppé, le busard des roseaux étaient signalés comme reproducteurs probables, alors que la sarcelle d’été, la bécassine des marais et la rémiz penduline fréquentaient le site en période internuptiale. Aucune explication ne peut être avancée quant à cette évolution. Toutefois, un à deux couples de rousserole turdoïde, passereau intimement inféodé aux roselières, y nichent encore régulièrement, de même que le râle d’eau (avec des effectifs élevés certaines années).
Ces milieux imbriqués sont favorables aux libellules et aux papillons. Jusqu’en 1977, ce site hébergeait le mélibée, papillon de jour extrêmement menacé.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09 et 22/06/92).