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DESCRIPTION
Au sud de Champagnole, dans la région naturelle de la Combe d’Ain, le plateau est entaillé de plusieurs reculées ouvertes sur la vallée de l’Ain. Celle de la Balerne s’ouvre vers le nord. Elle est parcourue par les ruisseaux de la Balerne et de la Balme, issus de résurgences, qui traversent des zones ouvertes prairiales. L'intérêt de cette reculée provient notamment de la diversité des milieux forestiers inscrits dans le contexte topographique accidenté des versants. En particulier, l’ambiance hygrosciaphile des pentes d’ubac (exposées du nord-est au nord-ouest) est propice au développement d’érablaies à scolopendre sur éboulis grossiers (habitat d’intérêt communautaire).
Les falaises calcaires hébergent, dans leurs fissures, des plantes pionnières (chasmophytes) soumises à des conditions écologiques sévères. De plus, le faucon pèlerin niche dans les anfractuosités de ces parois escarpées, ce qui leur confère un intérêt faunistique majeur. Les falaises constituent en effet le biotope de prédilection de ce rapace emblématique qui a failli disparaître en France.
Toutefois, le principal intérêt de cette zone est lié à la grotte de la Balerne, située au fond de la reculée. Vestige paléontologique attestant de la présence de l'ours des cavernes au Quaternaire, cette petite cavité accueille de petites populations de chauves-souris qui y trouvent un milieu favorable. Cette grotte possède une seule entrée située à mi-falaise et est facilement accessible par un sentier. Elle est constituée d'un réseau fossile d’une longueur de plus de 200 mètres, aboutissant à son extrémité à un réseau plus ou moins actif. La grotte abrite un minimum de sept espèces, surtout durant la période hivernale : les effectifs totaux s’élèvent à environ 15-20 individus. Quelques minioptères de Schreibers isolés sont aussi observés en période de transit. Au vu des traces remarquées sur les parois, il semble que la présence des chauves-souris ait été historiquement plus importante. Les causes de désaffection ne sont pas établies de façon certaine, mais la fréquentation humaine n'y est probablement pas étrangère.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de chauves-souris protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
La visite de la grotte de Balerne peut se réaliser aisément sans équipements spéciaux. Toutefois, du fait de l'isolement du site, la fréquentation humaine n'est pas actuellement considérée comme une menace. Il convient donc de ne pas dégrader la cavité et de proscrire toute mise en valeur à des fins touristiques.
Les espaces boisés occupent une part importante du bassin versant du ruisseau de la Balerne. Quelques plantations de résineux en bas de pente sont susceptibles de porter atteinte à la qualité des eaux du ruisseau. L'érablaie à scolopendre, peu exploitée en raison des difficultés d'accès et des potentialités forestières très faibles, est particulièrement attrayante pour l'ensemble de la faune et de la flore (peuplements matures, présence de gros bois) ; une gestion conservatoire, voire même la mise en place d'un statut de protection seraient à préconiser. D’une manière générale, il convient de conserver l'identité feuillue des forêts de pente, d’éviter toute perturbation forte (passage d'engins mécaniques lourds, terrassements) et des coupes totales et brutales.
Les ruisseaux de tête de bassin comme ceux de la Balerne et de la Balme sont particulièrement fragiles ; il est essentiel de préserver leurs caractéristiques dynamiques (en évitant toute opération d'endiguement, de curage et de recalibrage mécanique), ainsi que la qualité chimique des eaux et des habitats.
Enfin, il convient d'éviter toute source de dérangement aux oiseaux rupestres afin de leur garantir des conditions de tranquillité lors de la période de nidification.
