Commentaire général
Le site de l’Endroit de Saint-Antoine et du Ruisseau des Saules s’étend sur la commune de Plancher-les-Mines, au nord-est de la Haute-Saône, sur le massif vosgien. Sur la totalité de la surface du site (335 ha environ), le relief est très chahuté. Les versants sont entrecoupés de vallons étroits et encaissés où coulent des rus, les « gouttes ». Ils alternent avec des petits dômes qui culminent aux altitudes les plus élevées. Le dénivelé est en effet important : de 580 m dans les parties les plus basses à près de 1100 m sur les dômes. Les formations géologiques, générant ce relief, sont représentées par des roches volcaniques et des granites, typiques des « ballons vosgiens ». Le fond de la vallée du Rahin, qui borde le site à l’est, est tapissé par des alluvions actuelles.
Ces caractéristiques auxquelles on ajoutera des conditions microclimatiques particulières sont à l’origine d’un bel éventail de milieux, certains assez peu fréquents au niveau régional, comme l’aulnaie-frênaie acidicline à stellaire qui borde les ruisseaux les plus importants. Selon le type de sol et son épaisseur, les versants stabilisés sont recouverts de différents groupements forestiers : hêtraie acidiphile à luzule, dans le cas des sols les plus appauvris en éléments minéraux, hêtraie neutrophile à aspérule, notamment dans les parties inférieures des versants les moins accidentés où les sols se sont enrichis naturellement par gravité, hêtraie-sapinière en altitude. Les pentes des vallons encaissés, souvent recouvertes d’éboulis, accueillent des forêts mélangées d’érables, d’orme des montagnes ou de tilleul, au sous-bois riche en scolopendre et lunaire vivace. Dans les zones non boisées, les éboulis sont parsemés, plus ou moins densément, d’arbustes et de plantes herbacées inféodées à ces milieux minéraux. De grands pitons rocheux siliceux émergent çà et là, offrant des conditions favorables à une végétation de landes thermophiles à callune.
Si la diversité des communautés végétales est indéniable, il en est de même de la flore patrimoniale. Plusieurs plantes intéressantes trouvent refuge ici : campanule à larges feuilles et circée intermédiaire, protégées en Franche-Comté, mais aussi valériane à trois folioles et une mousse très discrète, inféodée aux terrains siliceux et humides, Diphyscium foliosum, assez rare dans la région.
La faune n’est pas en reste dans ce massif forestier : grand tétras et gélinotte des bois inscrits sur la liste rouge des espèces menacées en France (statut « vulnérable »), faucon pèlerin, pic épeiche, chouettes de Tengmalm et hulotte, grand corbeau, bec croisé des sapins, troglodyte mignon…, protégés en France. Cependant, leurs effectifs sont peu denses, des modifications des peuplements forestiers en étant la cause : rajeunissement, faible productivité secondaire. D’anciennes galeries de mines, au-dessus du Pont Piron, abrite des colonies de chauves-souris.
Statut de protection
Le site, inclus en partie dans la réserve naturelle nationale des Ballons des Vosges (2002), compte 2 arrêtés de protection de biotope (chiroptères, arrêté du 3.10.89 ; grand tétras, arrêté du 10.05.90). De plus, la présence d’espèces végétales et animales protégées en France et en Franche-Comté implique un statut de protection. La législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels des 22.06.1992, 23.04.07 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Les principales menaces qui affectent le site et les espèces qu’il abrite concernent le rajeunissement des peuplements forestiers et les activités connexes : création de pistes, débardage, coupes importantes…
Sa préservation passe par une conduite raisonnée des peuplements boisés en respectant la vocation feuillue ou mixte, selon l’altitude, en utilisant prioritairement les espèces locales, et par la restauration de la qualité de l’eau,exempte de toute pollution (effluents, produits phytosanitaires, passage d’engins…).