ZNIEFF 430015381
MARES DU CHALLUET

(n° régional : 44000046)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

 

Eléments paysagers autrefois caractéristiques de notre pays, les mares ont subi un déclin accéléré au cours du vingtième siècle. Implantés dans des dépressions imperméables, ces points d'eau d'étendue réduite, de faible profondeur et dont le renouvellement en eau (souvent d'origine pluviale) est limité, ont en grande majorité été créés par l'homme, en lien avec des usages variés. Ces systèmes subissent de fortes interactions avec le milieu environnant, ce qui leur confère une forte variabilité hydrologique, physico-chimique et biologique interannuelle.

 

L'intérêt de ces hydrosystèmes complexes dépasse largement leur taille restreinte. Ces espaces de transition, où les milieux terrestre et aquatique sont étroitement imbriqués, possèdent une productivité importante et un potentiel biologique élevé. Dans une mare équilibrée, une chaîne alimentaire complète se développe selon un cycle annuel. En fonction de leur typologie, les mares abritent des espèces typiques et diverses, le plus souvent à caractère pionnier. Certaines sont aquatiques, amphibies ou encore n'utilisent ce milieu que pour leur reproduction ou leur alimentation. La proportion d'espèces patrimoniales y est particulièrement élevée : 5 % des plantes protégées en France sont presque exclusivement inféodées aux mares. Elles hébergent un cortège abondant et varié d'invertébrés et jouent un rôle important dans le cycle vital des grands mammifères. De plus, les mares sont essentielles pour la conservation des amphibiens : dans ces lieux de reproduction privilégiés, la prédation des œufs et têtards par les poissons est limitée.

 

Sur le plan de la fonctionnalité écologique, les mares ne doivent pas être considérées comme des entités isolées, mais comme un réseau interconnecté. La simplification des paysages et l'extension du réseau routier sont autant d'obstacles aux déplacements des espèces d'un point d'eau à un autre et au renouvellement des populations.

 

Le site du Challuet comporte deux mares juxtaposées très différentes l'une de l'autre, en zone ouverte (culture et prairies) enclavée en forêt. Elles occupent une dépression imperméable sur substratum oligocène à dominante argileuse. La première est permanente, entourée d'arbres et d'arbustes, bien éclairée, mais n'abrite pas de végétation aquatique. La deuxième s'assèche en été et est envahie par une végétation typique de hautes herbes (mégaphorbiaie), qui assure la continuité entre les deux points d'eau. Ces mares revêtent un intérêt faunistique élevé : elles constituent un site de reproduction pour cinq espèces d'amphibiens protégées en France. Parmi celles-ci, la rainette verte est en régression rapide au niveau régional avec la disparition conjointe des mares à bovins et des haies. Ces dernières sont favorables à la reproduction de la pie grièche écorcheur.

 

 

 

STATUT DE PROTECTION

 

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'amphibiens protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent, en particulier à leurs lieux de reproduction (arrêté du 19/11/07).

 

 

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

 

Les mares se caractérisent par une grande instabilité avec des successions rapides de peuplements et des particularités qui leur confèrent une grande fragilité. Victimes de la modernisation de l'agriculture, de l'urbanisation croissante, d'un certain désintérêt ou d'a priori négatifs, ces plans d'eau subissent de nombreuses atteintes et disparaissent, et avec eux de nombreuses espèces.

 

Ces deux mares présentent un bon état de conservation et l'une d'entre elles paraît être entretenue (curage récent). Toutefois, comme elles jouxtent une parcelle cultivée, une baisse de la qualité de l'eau est à craindre, voire une destruction volontaire par comblement. Ce type de milieu dépend étroitement du maintien de l'élevage bovin. Afin de maintenir l'intérêt écologique du site, il conviendrait d'utiliser engrais et pesticides de façon raisonnée afin de limiter les impacts sur la qualité de l'eau.

 

 

Commentaires sur la délimitation
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