ZNIEFF 430015560
FALAISES DE GOUAILLE ET PELOUSES DE CLUCY

(n° régional : 33000019)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

 

Au Tertiaire, l'érosion constante du faisceau salinois a contribué à niveler les reliefs, dégageant ainsi de grandes surfaces planes. Le plateau de Clucy, résultant de ce processus érosif, voit s'écouler en surface le ruisseau de l'Étang, qui, avant de rejoindre la Furieuse à Bracon, forme la cascade de Gouaille. La verticalité de ce site laisse apparaître les calcaires blancs et compacts du Callovien inférieur et du Bathonien constitutifs des corniches, puis la grande oolithe du Bajocien inférieur et enfin les marnes grasses de l'Aalénien et du Toarcien. Ce bel ensemble paysager réunit des milieux, une flore et une faune remarquables.

 

 

 

Bordée par un liseré de chênaie-charmaie, la partie sommitale des falaises abrite sur les corniches calcaires des lambeaux de pelouse très sèche, composée de plantes de rocailles. On y rencontre notamment la laîche humble, l'œillet sauvage, l'anthéricum à fleurs de lis et le séséli des montagnes. L'intérêt floristique de cette végétation originale est amplifié avec la présence sur les vires de l'anthyllide des montagnes et de la stipe pennée, deux espèces protégées en Franche-Comté et uniquement connues de la partie jurassienne de la région. Très décoratives, ces plantes animent en fin de printemps la corniche grâce à la superbe floraison purpurine de l'anthyllide et les longues arêtes plumeuses de la stipe. Aux alentours, les escarpements rocheux abritent également une fruticée à coronille arbrisseau et cerisier de Sainte-Lucie, formant souvent des fourrés peu productifs dominés par le buis, d'où émergent quelques hybrides rabougris de chêne pubescent et de chêne sessile. En contrebas, les anfractuosités des parois accueillent une végétation très spécialisée, adaptée à l'amplitude des contrastes hydriques et thermiques régnant dans de tels endroits. Par ailleurs, l'inaccessibilité de ces habitats rupestres fournit au faucon pèlerin des sites de nidification privilégiés. Ce rapace, aujourd'hui répandu dans toute la chaîne jurassienne, a pourtant bien failli disparaître en France dans les années 1970. Depuis ces dernières années, la présence du hibou grand duc est également constatée.

 

 

 

En contrebas des falaises, c'est un tout autre type de pelouse qui renforce l'intérêt du site. Il s'agit d'une pelouse marnicole à blackstonie perfoliée, tétragonolobe à siliques et molinie, une association montagnarde qui se développe typiquement sur des substrats marneux soumis à de forts contrastes hydriques saisonniers. D'une grande rareté, ce groupement bénéficie d'une valeur patrimoniale élevée en raison de sa capacité à accueillir une diversité floristique importante et des plantes remarquables et du fait de son rôle pour certains batraciens, reptiles et insectes. Malgré tout, l'intérêt de cette pelouse a régressé depuis sa description dans les années 1980, par suite de son enfrichement, d'une part, et de l'engraissement des sols, d'autre part.

 

 

 

STATUT DE PROTECTION

 

La tranquillité du faucon pèlerin est assurée pendant la période de nidification par un arrêté préfectoral de protection de biotope. Les pratiques de l'escalade, du delta-plane et du vol libre y sont ainsi interdites de même que les travaux d'équipement forestier et routier dans une zone de 200 m au pied des falaises et de 50 m en retrait de leur sommet. En outre, la présence de deux plantes protégées régionalement par l'arrêté du 22.06.92 assure indirectement la protection de cette zone puisque est interdit tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu.

 

 

 

OBJECTIFS DE PRÉSERVATION

 

Hormis le respect de la tranquillité de l'avifaune rupestre, la gestion conservatoire de ce site concerne la préservation des pelouses. Sur les corniches, il s'agit de veiller au développement excessif du buis et de procéder à des défrichages légers si les stations de plantes remarquables venaient à être menacées. Au pied des parois, des opérations de réouverture serait nécessaire sur la pelouse marnicole, tout en maintenant un recouvrement arbustif sous forme d'îlots épars et en exportant les végétaux coupés. Rappelons également que les épandages sur ces milieux fragiles sont à proscrire.

 

 

Commentaires sur la délimitation

La présence d'éléments de végétation liés aux falaises et les sols superficiels a permis d'identifier cette zone dont la délimitation s'appuie sur leur localisation.