DESCRIPTION
Au sein du massif jurassien, la Combe d'Ain constitue une région naturelle particulièrement diversifiée. Deux entités majeures peuvent être distinguées. La première est représentée par la vallée de l'Ain, qui traverse, selon une orientation nord-sud, des paysages au relief calcaire tourmenté. L'autre composante correspond à la région des lacs, dont l'origine glaciaire a permis le développement de grandes plaines marécageuses ponctuées de multiples formes de reliefs. Des plis accentués aux pentes boisées marquent également ce paysage, auxquels s'ajoutent de hautes falaises et des barres rocheuses.
Dans la partie méridionale, au nord-est de Barésia-sur-l'Ain, aux lieux dits l'Achapt, les Vouates et Champs des Poires, un ensemble particulièrement riche, caractéristique des zones marécageuses de moyenne altitude, s’étend sur une surface en légère pente orientée au sud-ouest. Selon les conditions hydriques, la végétation se décline en groupements de bas-marais, de prairie humide (association oligotrophe à molinie bleue) ou de pelouse (formation acidicline à danthonie retombante et brachypode penné). Cette végétation se développe sur un sol paratourbeux très humide en hiver et au printemps et à assèchement estival en surface. Ce fort contraste hydrique au cours de l’année entraîne la sélection d'une flore capable de supporter ces conditions drastiques, comprenant à la fois des espèces de pelouse et de bas-marais. On recense en particulier la gentiane pneumonanthe (en forte régression et protégée dans la région) et le laser de Prusse (peu fréquent).
A ces habitats particuliers est associée une faune typique et originale. En particulier, les prairies humides abondamment fleuries hébergent un cortège de papillons de jour remarquable, comprenant trois taxons très menacés et protégés en France. Par exemple, le cycle biologique complexe de l’azuré des mouillères illustre bien la fragilité de l’espèce et son lien étroit avec le milieu : ce papillon nécessite la présence de la gentiane pneumonanthe, plante-hôte des chenilles, mais aussi de fourmis d'une espèce précise. Il est évident que cet équilibre fragile peut être facilement rompu en cas de modification des habitats. Le damier de la succise, caractéristique des pelouses marnicoles, est également rencontré.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection de l'espace n'a été mise en place en dehors des dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent au lac de Vouglans. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, les bas-marais alcalins font partie des habitats qui ont le plus fortement régressé. C’est notamment le cas des prairies humides de l’Achapt, qui ont subi des dégradations. Dans ce contexte, et compte tenu des enjeux entomologiques majeurs identifiés, la restauration de ce bel ensemble humide constitue une priorité.
Afin d’assurer la conservation des habitats, le principal objectif consiste à restaurer le fonctionnement hydrologique de la zone. En effet, le marais et les prairies périphériques sont traversés par plusieurs fossés de drainage. Il s’ensuit un assèchement qui entraîne une densification du couvert végétal et un envahissement local par des ligneux. Parmi les actions prioritaires, il convient donc de :
- neutraliser les drains actifs et proscrire toute nouvelle opération de drainage ;
- contrôler l'extension des ligneux dans les secteurs humides dégradés, en entreprenant des travaux de défrichement ;
- poursuivre les pratiques de pâturage extensif actuelles (en évitant tout apport d'engrais, puisque l’enrichissement en éléments nutritifs serait préjudiciable à la flore très spécialisée du marais) ou procéder à des fauches tardives (tout en respectant les fourmilières).
Enfin, compte tenu de son intérêt exceptionnel, il serait souhaitable d’instaurer une protection réglementaire de cette zone.