DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
A l’extrême sud du département, la zone du Revers de la Cha couvre un versant calcaire et marneux d'exposition est/sud-est où se développe une mosaïque de groupements végétaux variés :
- pelouses sur calcaire, sur sol superficiel, largement interrompues par des affleurements rocheux. Leur grand intérêt tient à leur caractère xérothermophile, le sud de la Petite Montagne accueillant les dernières irradiations vers le nord de ce type de groupement ;
- pelouses marno-calcaires, avec des faciès ouverts (couloirs d'érosion) et d’autres plus évolués dominés par la molinie bleue ;
- fourrés à genévriers et à buis disséminés sur les pelouses ;
- peuplement de pin sylvestre en formation semi-ouverte. De structure hétérogène, il comporte un sous-étage de buis et genévriers dont le recouvrement est de l'ordre de 70 % et des bouquets de régénération. Cette pineraie est issue de la colonisation naturelle d'anciens parcours communaux.
Au nord de la zone, un ruisseau temporaire dévale du coteau.
Le cortège floristique associé est particulièrement riche en éléments d’affinité méditerranéenne. Il comprend plusieurs plantes patrimoniales, dont l’aster amelle, distribué assez abondamment dans le secteur où il caractérise les ourlets thermophiles ; le thésium divariqué est inféodé quant à lui aux rebords de corniche ou aux coteaux très secs. Ces deux taxons sont protégés respectivement en France et dans la région. Il faut signaler également la petite coronille, dont les seules stations comtoises se situent à Thoirette. Commune dans le sud de la France, cette espèce calcicole xérothermophile se trouve ici en limite d’aire de répartition.
Cette structure d’habitats hétérogène est favorable à l’accueil d’une faune typique. Parmi les papillons de jour, on recense le damier de la succise (protégé en France), typique des pelouses marnicoles, et le grand nègre des bois, menacé à l'échelle nationale. Concernant la faune vertébrée, d’autres espèces intéressantes sont mentionnées : l’alouette lulu, inféodée aux milieux semi-ouverts buissonnants, ainsi que le sonneur à ventre jaune, crapaud pouvant se satisfaire de milieux aquatiques temporaires pour sa reproduction.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Parmi les objectifs de préservation, la priorité concerne l'entretien des pelouses, afin de conserver les secteurs encore ouverts. Localement, une reconquête des plages peu colonisées par les ligneux pourra également être entreprise ; ces opérations concernent non seulement les grands espaces de pelouse mais aussi les coulées (sur sol squelettique ou sur dalles) restées ouvertes au sein du peuplement de pins. Dans ce but, un débroussaillage manuel des pelouses devrait être réalisé régulièrement tous les cinq à dix ans en fonction de la dynamique de colonisation. Après restauration, un entretien par pâturage extensif de ces pelouses serait bénéfique.
La pineraie ne présentant pas d'enjeu patrimonial propre, il serait illusoire de tenter de contenir la dynamique du buis et du genévrier en sous-étage. De plus, la valeur modeste de ce peuplement n'autorise pas d'interventions sylvicoles onéreuses hormis une éventuelle gestion par éclaircie, ce qui permettrait de pérenniser la structure irrégulière du boisement.
Zone d'extension de la pelouse.