ZNIEFF 430015573
LA BOURBE

(n° régional : 43489016)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

 

En limite de la Petite Montagne, dans la vallée de l'Ain, juste en aval du barrage de Vouglans, la prairie de la Bourbe repose sur des moraines déposées lors du retrait de la masse glaciaire qui ennoyait les gorges de l'Ain lors de la dernière glaciation.

 

A ces placages imperméables est associé un aquifère substantiel présentant des fluctuations hydriques saisonnières importantes. Les conditions de milieu (sols alcalins, pauvres en nutriments et soumis à des conditions d’humidité contrastée) sont à l’origine du développement d'une prairie humide oligotrophe à molinie. Cet habitat naturel d'intérêt européen est riche en espèces de bas-marais à choin noirâtre, d’où une grande valeur botanique. Cette zone abrite en particulier la gentiane pneumonanthe, protégée en Franche-Comté. Relativement bien représentée dans cette partie du Jura, cette plante reste rare ailleurs dans la région. On note également des marais à marisque (assez localisés en Franche-Comté), des roselières, ainsi que quelques boisements marécageux (saulaie à saule cendré, aulnaie à cirse maraîcher) et des formations riveraines. Enfin, des prairies de fauche et des pelouses sèches complètent l’ensemble.

 

La valeur des prairies humides de la Bourbe est rehaussée par le caractère remarquable de l'entomofaune : au sein du riche cortège de papillons de jour, on compte trois espèces d'intérêt communautaire et/ou protégées en France. L’état de conservation de la population d’azuré des mouillères apparaît précaire au vu du manque de vigueur du peuplement de gentiane pneumonanthe, plante-hôte exclusive de ce papillon. Le cuivré des marais est inféodé aux prairies humides à végétation herbacée haute. Le damier de la succise, quant à lui, est lié à la présence de la succise des prés. Cette plante nourricière des chenilles ne tolère pas les apports de fumures, aussi ce papillon disparaît-il des prairies humides fertilisées. Les effectifs de ces deux dernières espèces restent réduits, bien que le milieu leur reste favorable. Il faut noter également la présence du petit mars changeant, qui recherche les formations ligneuses hygrophiles et semble occuper plusieurs fonds de vallons dans la région.

 

Ces espèces sont très menacées par la régression et la fragmentation de leurs habitats. Le marais de la Bourbe n’échappe pas à cette tendance. Les dégradations les plus importantes concernent la modification des conditions hydrologiques : cette zone est traversée par plusieurs drains encore actifs, ce qui a accéléré l’envahissement par les ligneux (saules, bourdaines). Cette évolution très dynamique menace directement la pérennité de la station de gentiane pneumonanthe. De plus, des incendies ont récemment touché l'ensemble du site, banalisant la flore et portant atteinte à la faune.

 

STATUT DE PROTECTION

 

Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place en dehors des dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent au lac de Vouglans. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

 

La restauration de ce bel ensemble doit constituer une priorité, et ce, d’autant plus que les zones humides favorisant une rétention efficace de l’eau sont très rares en Petite Montagne.

 

Plusieurs actions apparaissent prioritaires :

- restaurer l’équilibre hydrologique du marais en neutralisant les drains actifs ;

- entreprendre un défrichement de certains secteurs, contrôler l’extension des bourdaines et des saules dans les prairies humides dégradées et compléter ces opérations par une fauche d’entretien tous les 4 ou 5 ans ;

- mettre un terme aux pratiques d’écobuage ; ce mode de gestion n’est pas adapté et menace de modifier et d’appauvrir la flore et la faune typiques.

 

En tout état de cause, toute valorisation agricole ou forestière, qui serait peu productive dans ce contexte, est à proscrire. Compte tenu de sa valeur écologique, l’adoption d’une protection réglementaire du secteur apparaît nécessaire.

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