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DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. Ceux-ci sont disposés sous la forme d’une succession de crêtes et de dépressions, selon une orientation globale nord-sud.
Au niveau de Boutavant, la zone des Quarts et Très les Rochers constitue un vaste ensemble d’un bel attrait paysager dominant le lac de Coiselet. Le périmètre inclut le flanc du coteau quasiment jusqu’aux rives de l’Ain. L’intérêt phytosociologique de cette mosaïque de pelouses et de friches entrecoupées de dalles rocheuses affleurantes est remarquable. Deux associations végétales s’y expriment selon la nature du substrat : pelouse mésoxérophile à phalangère ramifiée sur sol squelettique et pelouse mésophile à blackstonie perfoliée sur substrat marneux. De façon générale, ces formations herbacées basses s’installent à la faveur de facteurs particuliers : sol superficiel, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées, ensoleillement important. En outre, les formations sur marne obéissent à des contraintes supplémentaires (fort contraste hydrique, faible stabilité des sols constamment rajeunis par l’érosion, humus peu épais). Ce type de pelouse original est caractéristique du Jura où il est bien représenté, surtout en Petite Montagne.
Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique remarquable, à caractère thermophile marqué. Celui-ci comprend deux plantes protégées en Franche-Comté ; la trinie glauque, par exemple, inféodée aux pelouses calcicoles xérophiles, se réfugie dans la région sur les corniches exposées au sud. On note également la bugrane fétide et la garance voyageuse, deux espèces d’affinité méditerranéenne et/ou atlantique, qui pénètrent dans la région en remontant la vallée de l’Ain. D’ailleurs, elles ne se trouvent que dans ce secteur en Franche-Comté. L’évolution naturelle des pelouses tend vers une recolonisation par les ligneux. Cette dynamique, assez prononcée sur certains secteurs, se traduit par la présence de fourrés dominés par le genévrier et le buis et d’un boisement de pins.
A ces habitats structurés de façon hétérogène est associée une faune typique. Avec 19 espèces relevées, le cortège de papillons de jour est assez riche et diversifié. Il comprend notamment les azurés du serpolet (protégé en France), du genêt et des coronilles, tous inféodés aux pelouses thermophiles. Le grand nègre des bois, quant à lui, fréquente plutôt les ourlets, lisières forestières et boisements clairs. Parmi les vertébrés, on retiendra l’alouette lulu et l’engoulevent d’Europe, ainsi que la couleuvre vipérine. Ce reptile exige à la fois des milieux terrestres chauds (pelouses ensoleillées, pierriers et broussailles) et la proximité d’un cours d’eau.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09, 22/06/92, 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Si ces milieux semi-naturels restent encore bien représentés en Petite Montagne, leur pérennité est tributaire d’une gestion agro-pastorale extensive. Sur ce site, le maintien des plages de pelouses encore ouvertes apparaît prioritaire. En effet, si la partie basse, peu pentue et marquée par des sols assez profonds, est encore exploitée, la colonisation assez dynamique des buis et des pins sur le haut du coteau témoigne d’une déprise agricole. Un programme de restauration de ces secteurs peu accessibles (débroussaillement sélectif et raisonné), puis un entretien par un pâturage extensif, même partiel, serait à envisager.
En tout état de cause, la conservation de l’hétérogénéité structurale de cet éco-complexe est la plus favorable à une biodiversité élevée.
Zone d'extension de la pelouse.
